L’Agence Internationale de l’Energie a décidé de prendre aux mots les vagues engagements pris par de nombreux pays à Copenhague : pour maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés d’ici à 2035, calcule-t-elle dans son dernier rapport annuel, il faudrait faire augmenter les aides des Etats aux énergies renouvelables dans le monde de 57 milliards de dollars environ en 2009 à 205 milliards à cette échéance !
L’AIE fait un amer constat : les aides aux énergies propres sont restées l’an dernier bien plus réduites que celles aux énergies fossiles, qui se sont élevées à 312 milliards de dollars. Et ce montant de 57 milliards est très insuffisant pour parvenir à l’objectif de 2 degrés, a expliqué le directeur exécutif de l’AIE, Nobuo Tanaka en présentant son World Energy Outlook.
Dans ce scénario — optimiste — d’une aide publique quadruplée dans le monde, la part des énergies renouvelables (petit hydro-électrique compris) triplerait et passerait de 7% de la demande primaire d’énergie en 2008 à 14% en 2035.
Selon l’AIE, le pic de la demande de pétrole surviendrait avant 2020, à 88 millions de barils par jour, puis déclinerait à 81 mbj en 2035. La demande de charbon atteindrait, elle, un pic avant 2020 puis redescendrait en 2035 à son niveau de 2003.
Ensemble, les renouvelables et le nucléaire doubleraient leur part du mix énergétique en 2035, à 38% du mix.
Des investissements pharaoniques…
Mais le coût total pour atteindre ce but a augmenté d’environ 1.000 milliards de dollars par rapport aux estimations de l’an dernier, car les efforts à accomplir après 2020 seront plus grands.
Les dépenses supplémentaires en technologies d’énergie bas carbone s’élèveront à environ 18.000 milliards de dollars si l’on additionne les investissements des entreprises et les dépenses des ménages (en dollars de 2009) .
Mais la faiblesse des engagements actuels a sans aucun doute rendu moins probable la réussite de parvenir à l’objectif d’un réchauffement climatique limité à 2 degrés, conclut, pessimiste, l’AIE.
… et une impulsion politique sans précédent
Car pour atteindre ce but, il faudrait une impulsion politique phénoménale des gouvernements dans le monde entier : l’intensité en carbone de la croissance devrait diminuer sur la période 2008-2020 à un rythme deux fois supérieur à la baisse enregistrée en 1990-2008, puis sur la période 2020-2035 quatre fois plus vite.
« La technologie existe pour un tel changement, mais un tel tournant serait sans précédent », souligne l’AIE en appelant les gouvernements à prendre au plus vite des engagements bien plus fermes.