EWEA : “L’objectif de 230 GW d’éolien en Europe en 2020 est atteignable, mais attention aux réseaux”

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Alors que les fabricants chinois d’éolien visent l’Europe, le marché chinois n’est pas aussi ouvert aux Européens qu’il le devrait, selon Justin Wilkes, directeur des affaires publiques à l’Association européenne de l’énergie éolienne (Ewea). Il estime aussi que le développement de l’éolien en Europe ne pâtit pas de la crise et que la France doit faire un effort pour intégrer davantage d’énergie éolienne à son réseau. Interview réalisée par Olivier Sasportas à l’occasion du salon China WindPower, à Pékin.

GreenUnivers : Etes-vous impressionné par ce que vous avez entendu ou vu durant le China WindPower 2010 ?

Je suis extrêmement impressionné par l’industrie chinoise de l’éolien. Je pense qu’elle a beaucoup à offrir à l’industrie mondiale de ce secteur dans son ensemble, comme elle a beaucoup à offrir à la Chine. En tant que représentant de l’association de l’industrie éolienne européenne,  je ne dirais assurément pas que les fabricants européens sont désavantagés d’une quelconque façon par rapport aux fabricants chinois. Les Européens dominent le marché. Ils ont un avantage technologique et ils doivent le maintenir afin de rester en tête dans la course globale pour les emplois verts et les technologies qui vont avec.

GU : Estimez-vous que la Chine est un marché accessible pour les sociétés européennes de l’éolien ?

Pas aussi accessible qu’il le devrait pour nos producteurs, et certainement pas pour les développeurs. Je pense que la Chine doit respecter ses obligations vis a vis de l’OMC et permettre aux fabricants européens, ainsi qu’aux autres, de se battre sur le marché chinois avec la même égalité de chances de réussir que leurs concurrents domestiques.

GU : Avez-vous noté une volonté de la part des compagnies chinoises de se déployer à l’étranger? Certainement. Les fabricants chinois sont à la recherche d’opportunités pour leurs exportations et ils s’établissent au-delà de leurs frontières. Un certain nombre de ces fabricants sont déjà entrés sur le marché américain. Nous nous attendons à les voir venir en Europe, mais ils y trouveront un marché hautement compétitif. J’imagine qu’ils se concentreront sur les marchés émergents et sur l’offshore.

GU : Faut-il s’attendre à une règlementation visant à protéger les entreprises européennes – d’autant que les tensions commerciales tendent à se répéter ces derniers jours?

Un conflit commercial n’est pas dans l’intérêt de l’industrie de l’éolien – ni la chinoise, ni l’européenne, ni l’américaine. Je pense que les négociations et les discussions bilatérales sont préférables à toute dispute dans le cadre de l’OMC. Bien sûr, il est important que l’OMC obtienne une sorte d’accord global visant à éliminer les barrières tarifaires, et plus important encore, les barrières non-tarifaires.

GU : L’EWEA a pour 2020 un objectif de 230 GW produits grâce à l’énergie éolienne en Europe. Compte tenu de la crise, est-ce toujours atteignable?

Notre objectif semble très atteignable. Nous sommes en train d’étudier les “plans d’action énergies renouvelables” soumis par les Etats membres (21 à ce jour). Il est intéressant que la Commission européenne ait récemment pronostiquée que la capacité installée devrait atteindre les 222 GW en 2020. A ce jour, l’Europe a 80 GW de capacité installée, et celle-ci produit un peu moins de 5% de son électricité. Les 230 GW (dont 40 GW offshore) que nous prévoyons pour 2020 devraient fournir entre 14% et 18% de la demande électrique de l’Europe.

GU : Un pays se détache-t-il du lot?

Sans se focaliser sur des pays en particulier, nous voyons une tendance pour l’offshore en mer du Nord qui progresse à un rythme substantiel. Nous avons également des marchés émergents, comme la Roumanie et la Bulgarie. Et puis nous continuerons à voir un marché solide dans la mesure où le cadre de travail sera stable dans des pays tels que l’Italie ou la France.

GU : Quelles sont les prévisions de l’EWEA au-delà de 2020? Et quel est, selon vous, le principal défi pour l’industrie de l’éolien  dans les années à venir?

Nous n’anticipons pas une réduction de la puissance installée après 2020. En termes de compétitivité, nous allons améliorer de façon substantielle les coûts, particulièrement pour l’offshore. Je pense que notre objectif de 400 GW à l’horizon 2030 est faisable. Pour ce qui est des défis, le principal pour l’Europe se situe au niveau des réseaux – comment les financer, les construire et les connecter entre Etats membres. Je pense que l’objectif principal en la matière devrait être la France. Elle doit améliorer sa connection avec l’ensemble de ses voisins afin d’intégrer plus d’énergie éolienne et en augmenter la quantité produite de la façon la plus viable possible.

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