Paprec se lance à l’international et vise la Bourse

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Le groupe de recyclage fondé et dirigé par Jean-Luc Petithuguenin vient de franchir le Rubicon : pour la première fois en quinze ans d’existence, il procède à une acquisition à l’étranger. Le nom de la cible ne sera connu que dans quelques jours, mais elle est située dans un pays limitrophe, “à l’est de la France”. “Nous avons entre 20 et 25% de part de marché en France : pour continuer à croître, il faut commencer à regarder ailleurs, explique le PDG. Et puis, nous avons saisi une opportunité intéressante”.

Numéro trois français du recyclage – derrière Veolia et Suez Environnement (Sita) – Paprec a depuis quelques mois une véritable boulimie de rachats. En moins d’un an, il a acquis 40% de CMP (Compagnie des Matières Premières), une société spécialisée dans le traitement des métaux, ferrailles, papiers et plastiques, pris 20% de Chèze (recyclage des déchets industriels banals et des déchets de chantiers), accru sa participation dans Valdelec (déchets des équipements électriques et électroniques) et acheté Boucou Recyclage (ferraille, bois et matériaux du bâtiment) et Acoor Environnement (piles et dépollution industrielle).

Dernier achat en date dans l’Hexagone, la filiale française du groupe allemand Interseroh (déchets papiers) en juin, une société qui réalise 42 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 156 personnes sur sept sites. L’entreprise a été au passage rebaptisée et s’appelle désormais CDI. A l’avenir, le groupe pourrait s’intéresser au marché du verre, dont il est aujourd’hui absent.

La crise crée des opportunités

“L’effondrement brutal des cours des matières premières a plongé le marché du recyclage dans une crise profonde fin 2008  qui s’est poursuivie en 2009. De nombreux acteurs ont été très affaiblis et ont cherché des solutions de reprise. Nous avons ouvert pas moins de 50 dossiers d’acquisitions”, confie Jean-Luc Petithuguenin. Grâce à sa présence sur de multiples secteurs, Paprec a lui réussi à limiter la casse : il a enregistré un résultat net de 1 million d’euros l’année dernière, contre 15 millions en moyenne les années précédentes.

Entre Interseroh et la société étrangère,  le groupe a acquis pour 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010. Après un chiffre d’affaires en recul (pour la première fois en quinze ans) à 320 millions d’euros en 2009, il vise le cap des 500 millions cette année avec un effectif de 3 000 collaborateurs. En termes de tonnages traités, les objectifs sont là aussi à la hausse : 2,7 millions cette année contre 2,2 millions en 2009. “Les marchés sont très nettement repartis : les matières premières ont retrouvé leurs niveaux de prix historiques, seuls les volumes sont encore en retrait”.

Pour l’instant, le groupe a les moyens de financer des acquisitions : Bernard Arnault, via sa filiale Financière Agache Private Equity (FAPE), est entré à son capital en 2008 en lui apportant quelque 100 millions d’euros. Aujourd’hui, Jean-Luc Petithuguenin garde le contrôle majoritaire (51%) via la holding JLPP dont il détient 71% aux côtés du Groupe des Papiers de Presse (29%). FAPE est le deuxième actionnaire avec 30%, devant des investisseurs financiers (fonds Quilvest et banque Rothschild – Paris Orléans : 15% à eux deux) et enfin les 100 premiers cadres du groupe (4%).

La Bourse en 2012 ?

Mais le dirigeant regarde maintenant du côté de la Bourse, à moyen terme. “Nos financiers voudront sortir, c’est logique. En 2010, nous procédons à des acquisitions, en 2011, nous les digérons et en 2012, nous devrions être prêts pour une introduction en Bourse”.

En attendant, s’il mise sur la croissance externe, le groupe ne néglige pas la croissance interne : il vient de reprendre une ancienne papeterie dans l’Oise, sur un terrain de 22 hectares dont il compte faire une vitrine de ses activités avec un recyclage de multiples déchets : papiers, plastiques…

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