Après l’éolien terrestre, Alstom vise l’offshore

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Le groupe industriel monte en puissance dans les énergies renouvelables. Présent dans l’éolien terrestre depuis 2007, il prépare une offensive dans l’offshore pour laquelle il veut une usine dédiée en Europe. Il vient aussi de mettre un pied dans le solaire thermique avec l’entrée au capital de la société américaine BrightSource. Et il regarde de près d’autres spécialistes du secteur, nous confie Robert Gleitz, vice-président marketing pour les énergies renouvelables chez Alstom Power.

GreenUnivers : vous êtes déjà présent dans l’éolien, vous venez d’investir dans le solaire. Comment abordez-vous les énergies renouvelables ?

Robert Gleitz : Si on exclut l’hydraulique, dans lequel nous sommes très présents et depuis longtemps, le groupe a vocation à être présent dans toutes les énergies renouvelables qui sont à la fois une réponse aux problèmes des émissions de CO2 et un business qui enregistre une croissance rapide. L’activité la plus développée à ce jour est l’éolien : nous y réalisons un peu moins de 500 Millions d’euros de chiffre d’affaires et surtout, ce secteur connaît actuellement une croissance à deux chiffres, ce qui est loin d’être le cas de toutes les activités. Nous avons décroché récemment des contrats importants au Maroc et au Brésil. Pour l’instant, nous ne sommes pas dans le Top 10 des fabricants, mais nous comptons bien l’intégrer à court terme.

GU : quelle est votre stratégie de développement dans ce secteur ?

Nous sommes entrés dans le secteur en 2007 via l’acquisition de la société espagnole Ecotècnia pour 350 Millions d’euros. Elle était essentiellement présente en Espagne et en France, nous avons investi pour qu’elle prenne une nouvelle dimension et serve de socle à notre développement dans l’éolien. Sur le plan technologique, des turbines plus puissantes, de 3 MW, ont vu le jour. Et sur le plan géographique, nous avons déterminé des pays prioritaires : les Etats-Unis, le Brésil, le Maroc, mais nous regardons aussi la Chine, la Turquie, l’Australie, le Royaume-Uni… Pour l’Europe, l’usine espagnole est notre base, mais nous allons construire des sites industriels aux Etats-Unis et au Brésil pour quelques dizaines de millions d’euros. Ce seront des usines d’assemblage de nacelles, car nous ne fabriquons pas les mâts ou les tours : notre valeur ajoutée réside dans l’engineering des composants. Nous travaillons avec des sous-traitants : pour les pales, LM Glasfiber et pour les tours, le marché est plus ouvert, nous avons plusieurs fournisseurs qui doivent être présents dans la région où nous nous implantons.

GU : Alstom est pour l’instant présent uniquement dans l’éolien terrestre, êtes-vous intéressés aussi par l’offshore ?

Absolument, d’autant que c’est un marché très jeune avec déjà quelques acteurs mais où il est encore tout à fait possible de prendre des parts de marché importantes, plus que dans l’éolien terrestre, plus mature. Nous travaillons sur une turbine de 6 MW sans boîte de vitesse, dédiée à ce marché. Sa commercialisation est prévue en 2012. Nous réfléchissons à un investissement industriel pour cette activité en Europe, que nous pourrions officialiser dès cette année. Mais au-delà de la seule turbine, Alstom peut se positionner à différents niveaux dans l’offshore : nous avons le savoir-faire pour installer des grandes centrales et pour relier ces installations en mer au réseau, un domaine dans lequel nous pouvons profiter de la compétence acquise via le rachat d’Areva TD avec Schneider Electric. Toute la chaîne de valeur de l’offshore nous intéresse.

GU : vous avez aussi mis récemment un pied dans le solaire via une prise de participation dans BrightSource. Avez-vous les mêmes ambitions que dans l’éolien ?

Pour l’instant, c’est une activité dans laquelle nous  partons de zéro et devrait rester plus modeste que l’éolien. L’investissement de 55 Millions de dollars dans BrightSource nous permet de prendre position dans le solaire thermique, avec une société dont la technologie nous paraît très pertinente : une tour avec des héliostats qui concentrent l’énergie sur un point. Nous allons profiter de cette entrée au capital comme actionnaire minoritaire pour développer des échanges industriels et commerciaux : nous pouvons fournir des turbines à vapeur ou des dispositifs de contrôle-commande sur les centrales développées par BrightSource, par exemple. Nous avons commencé à travailler sur ces aspects. Mais nous regardons aussi d’autres technologies du solaire thermique et nous n’excluons pas un autre investissement dans les prochains mois, notamment dans le parabolique. En revanche, le photovoltaïque, même s’il pèse beaucoup plus lourd aujourd’hui sur le marché, ne fait pas partie de notre stratégie : c’est plus une activité de distribution, d’installation, plus éloignée de la nature de notre groupe.

GU : quelle place occupent les autres énergies renouvelables, comme la biomasse ou la géothermie, dans votre stratégie ?

Une place plus modeste mais comme nous voulons un portefeuille diversifié, nous ne les excluons pas. Nous sommes actifs dans la géothermie, par exemple au Mexique où nous avons fourni une centrale complète. Dans la biomasse, nous intervenons surtout quand des centrales à charbon existantes s’ouvrent à la biomasse, mais ce sont des projets de taille réduite. Enfin, nous investissons dans les énergies marines : nous avons passé un accord avec le canadien Clean Current, qui travaille sur des hydroliennes. Notre expertise de l’hydraulique est un atout important. Bien sûr, pour l’instant, les énergies marines en sont encore au stade de la R&D, mais il y a un potentiel identifié de 60 GW dans le monde qui peut offrir des marchés importants.

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