Toujours pas gagné pour le marché du carbone américain !

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Alors que le projet de créer un marché du carbone aux Etats-Unis reste très controversé, deux rapports de l’administration américaine apportent leur contribution scientifique au débat, dans l’attente d’une décision politique. La premier atteste d’une baisse historique des émissions de CO2 en 2009 alors que le second pointe les risques d’un impact négatif sur le marché de l’emploi.

Nettement moins d’émissions de CO2 en 2009

Selon les chiffres divulgués par l’Energy Information Administration (EIA), les émissions de CO2 liées à l’énergie auraient baissé de 7% aux Etats-Unis en 2009, soit leur plus forte baisse en 60 ans de données statistiques.

Exceptionnelle par son ampleur, la baisse enregistrée en 2009 clôt une décennie qui a  connu une baisse annuelle moyenne des émissions de CO2 de 0,9% depuis l’an 2000, pour une croissance moyenne du PIB de 1,6%. En comparaison, la décennie 1990-1999 avait connu une hausse moyenne des émissions de 1,4% pour une croissance moyenne du PIB de 3,3%.

La crise économique explique en grande partie la forte baisse de 2009 : ainsi la consommation d’énergie dans le secteur industriel, qui a tourné au ralenti toute l’année dernière, atteint 9,9%. A plus long, le lent déclin de l’industrie et la montée en puissance des services, moins gourmands en énergie, a aussi un impact.

Mais la crise n’est pas le seul facteur d’explication. Selon l’EIA, rapporté au ratio croissance PIB/Emissions de CO2 enregistré dans les années 90, entre 2000 et 2009, les émissions de CO2 n’auraient augmenté en moyenne (que) de 0,6% à 0,7%, traduisant ainsi une légère amélioration de l’intensité carbone de l’approvisionnement en énergie du pays.

Les chiffres indiquent bien un tassement dans la progression des émissions de CO2 depuis 2005 ; mais ces deux dernières années plongent littéralement en terrain négatif, avec pour 2009 des émissions de CO2 dues à la consommation de charbon qui auront  baissé de 12%, celles liées au pétrole de 5,3% et au gaz naturel de 1,6%. A contrario, les émissions engendrées par la consommation d’énergies non-fossiles auront augmenté de +2%.

Plus de chômage pour les décennies à venir

Second rapport, celui du Congressional Budget Office (télécharger le rapport ici) : selon ce texte, les différentes politiques envisagées pour réduire les gaz à effet de serre aux Etats-Unis (dont le projet de marché carbone défendu par le président Obama) entraîneraient une « légère » baisse du nombre total d’actifs dans les décennies à venir.

Après avoir passé en revue plusieurs études consacrées à l’analyse des effets que pourraient produire sur l’emploi les programmes de réduction d’émissions, le CBO a sélectionné 3 études basées sur différents modèles et différents prémisses, avec pour repères les années 2015 et 2025.

Parmi ces études, celle du Resources for the Future (RFF) a calculé l’impact que produirait sur 21 secteurs de l’économie la mise en place d’une taxe de 10 dollars pour une tonne de CO2, tout en assumant qu’aucun autre pays n’applique de programme de réduction d’émissions, ni n’impose de taxe carbone à ses frontières.

Une autre étude de la Brookings Institution a pris, elle, pour postulat de départ une réduction de 83% des émissions en 2050, par rapport au niveau d’émission de 2005, avec un plafond applicable aux seuls combustibles fossiles.

Avec un prix du carbone fixé à 18 dollars la tonne en 2015 et 30 dollars en 2050, le rapport du CBO arrive donc à un résultat négatif pour le marché de l’emploi US. Néanmoins, mettant en avant la capacité d’adaptation du travailleur américain, le rapport du CBO pointe aussi que l’absence d’initiatives auraient des répercutions sur l’emploi, bien que celles-ci n’aient pas assez été « attentivement » étudié par les chercheurs.

Olivier Sasportas

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