Exclusif : 3,1 milliards d’euros de deals dans les cleantech au 1er trimestre 2010

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Baromètre GreenUnivers – La Tribune
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Les transactions dans les cleantech ont démarré l’année sur les chapeaux de roue : à l’international, GreenUnivers.com a recensé 35 levées de fonds et fusions-acquisitions d’importance au 1er trimestre pour un montant de 2,9 milliards d’euros (tous les montants ne sont pas connus), presque trois fois plus qu’au 1er trimestre 2009, marqué par la crise. Le nombre d’opérations est moins important qu’il y a un an, mais avec davantage de deals de grande envergure, en particulier des fusions-acquisitions.

En France, l’année commence également en fanfare avec 28 opérations recensées pour un montant de 208,5 millions d’euros, presque quinze fois plus qu’il y a un an ! Et le nombre de transactions a également fortement augmenté, tant pour les levées de fonds que pour les fusions-acquisitions.

– Synthèse et évolution par rapport au 1er trimestre 2009 –
International France
Nombre total de levées de fonds et fusions-acquisitions 35 (51 au 1er trimestre 2009) 28 (10 au 1er trimestre 2009)
Montants, en millions d’euros (NB : tous les montants ne sont pas connus) 2 900 M EUR (1 100 M EUR au 1er trimestre 2009) 208,5 M EUR (14 M EUR au 1er trimestre 2009)

Le classement international

– Les 10 plus grosses levées de fonds et fusions-acquisitions à l’international au 1er trimestre 2010 –
Secteur Montant Opération
1 Réseaux intelligents/Transmissions électriques 810 M EUR Elia (Belgique) rachète 50Hertz (Allemagne)
2 Capteurs/Efficacité énergétique 418 M EUR (568,8 M USD) Introduction en Bourse de Sensata (Pays-Bas/Etats-Unis) à New York
3 Transports/Stations de charge pour véhicules électriques 250 M EUR (350 M USD) Better Place (Etats-Unis) lève des fonds auprès, notamment, de la banque HSBC
4 Solaire/Encapsulants 240 M EUR Solutia (Etats-Unis) rachète Etimex (Allemagne)
5 Solaire 198 M EUR (277 M USD) SunPower (Etats-Unis) rachète SunRay (Italie/Malte)
6 Eolien/navires installateurs de turbines offshore 143 M EUR (200 M USD) Seajacks (Grande-Bretagne) est rachetée par le fonds britannique Riverstone
7 Solaire/Wafers de silicium 88 M EUR (125 M USD) GCL-Poly (Chine) rachète son compatriote Konca Solar
8 Voitures électriques 82 M EUR (115 M USD) Le jeune constructeur Fisker (Etats-Unis) lève des fonds auprès du fabricant de batteries américain A123 Systems, et du fonds Kleiner Perkins Caufield & Byers
9 Solaire/Onduleurs 65 M EUR (90 M USD) Advanced Energy Industries (Etats-Unis) rachète son compatriote PV Powered

10 Eolien 56 M EUR Arise WindPower (Suède) s’introduit à la Bourse de Stockholm

Le classement France

– Les 5 plus grosses levées de fonds et fusions-acquisitions françaises au 1er trimestre 2010 –
Secteur Montant Opération
1 Solaire Plus de 150 M EUR (estimation) Le géant du nucléaire Areva s’empare de la société américaine Ausra, spécialisée dans le solaire thermique.
2 Transports/véhicules électriques 17,2 M EUR Le groupe Gruau lève 9,7 millions auprès du Fonds stratégique d’investissement (FSI) et 7,5 millions auprès de plusieurs fonds privés pour se développer dans les véhicules utilitaires électriques.
3 Energies renouvelables /Biomasse 6,6 M EUR Le producteur de granulés de bois EO2 lève 4,6 millions auprès du fonds d’investissement A Plus Finance et 2 millions auprès d’un investisseur institutionnel.
4 Energies renouvelables 6 M EUR Le jeune groupe Hanalei Renouvelables (éolien, solaire, biomasse) lève 4 millions auprès du fonds Alto Invest et 2 millions auprès d’actionnaires privés.
5 Energies renouvelables 5 M EUR Le fonds français Crédit Agricole Private Equity prend 50% du capital de la société italienne Elettrostudio Energia Infrastructure qui va développer des centrales (solaire, éolien) en Italie.

L’analyse du baromètre

A l’international, une série de rachats

La plus grosse opération du trimestre concerne le rachat du groupe de transmissions électriques allemand 50Hertz par le belge Elia (810 Millions d’euros), devant une très grosse entrée en Bourse pour Sensata, une ancienne filiale de Texas Instruments qui fabrique des capteurs, et une nouvelle levée de fonds de Better Place, le spécialiste des stations de recharge pour voitures électriques.

A citer également deux rachats majeurs : celui du développeur solaire italo-maltais SunRay par l’américain SunPower, et l’acquisition du spécialiste allemand des encapsulants pour panneaux solaires Etimex par un autre américain, Solutia.

Le solaire reste le secteur le plus actif, avec 25% des transactions, en particulier les équipementiers — micro-onduleurs solaires d’Enphase et de PV Powered, encapsulants d’Etimex, des lignes de production de cellules de l’allemand Roth & Rau… . Le boom du solaire en Italie ces derniers mois explique aussi le rachat au prix fort du développeur SunRay.

Mais les quatre autres grands secteurs des cleantech se répartissent assez équitablement les fonds : éolien, y compris les navires-installateurs pour éoliennes offshore du britannique Seajacks, voitures électriques, smartgrid et efficacité énergétique, avec l’introduction en Bourse des capteurs du groupe Sensata.

Ruée vers la Bourse

Alors que les marchés solaires et éoliens se développent fortement malgré la crise – le solaire devrait encore voir les installations bondir de 40% cette année après une année 2009 record, et l’éolien croître de plus de 30% dans le monde -, les investisseurs s’attendent à un festival au 2e trimestre, grâce à une série d’introductions en Bourse de stars du secteur annoncées pour les mois qui viennent, tant aux Etats-Unis qu’en Chine.

Parmi elles, les américains Solyndra (tubes solaires), Codexis (biocarburants), Tesla (voitures électriques) et Silver Spring Networks (compteurs intelligents). En Europe, la compagnie italienne Enel veut coter ses activités d’énergie verte (ce qui pourrait être la plus grosse introduction en Europe depuis plusieurs années) et le très ambitieux développeur solaire britannique Engyco, en train de faire son marché dans les parcs solaires en Méditerranée, veut lever 1 milliard d’euros à la Bourse de Londres. Et plusieurs groupes chinois, dont Sinovel et Goldwind, préparent leur cotation sur les Bourses de Shanghai ou Hong Kong.

Les cleantech créent des usines

La production des équipements de base (fabrication d’éoliennes, de cellules et panneaux solaires, de voitures électriques et batteries…) est également en phase d’accélération. C’est une course effrénée à la création ou l’agrandissement d’usines, de préférence aux rachats ou levées de fonds.

Les investissements industriels ont fleuri, surtout en Asie où les fabricants chinois deviennent leaders mondiaux, comme Sinovel et Goldwind (éoliennes) qui viennent d’entrer dans le Top 5 mondial, ou encore Suntech et Yingli (panneaux solaires) qui accroissent si vite leur production qu’ils prennent de vitesse les leaders occidentaux, l’allemand Q-Cells et l’américain First Solar, contraints tous deux de délocaliser en Asie, surtout en Malaisie.

A coup de subventions, les Etats-Unis créent eux aussi des usines, mais l’Europe voir partir ses fabricants en Chine, sauf la Grande-Bretagne qui attire sur son sol une ribambelle d’usines d’éoliennes offshore, grâce à ses grands projets en mer du Nord.

Le maintien de tarifs solaires généreux, bien qu’un peu réduit dans de nombreux pays d’Europe, et l’annonce de grosses primes à l’achat de voitures électriques mises en place dans une dizaine de grands pays, sans oublier la décision de nombreux Etats de déployer massivement des compteurs intelligents ou des parcs éoliens, ne peux que continuer à doper les cleantech.

En France, des investisseurs toujours plus nombreux

Les cleantech sont devenues l’un des secteurs les plus attractifs pour les investisseurs dans une économie qui tourne au ralenti. Les fonds d’investissement se précipitent vers ces marchés prometteurs, qui bénéficient de subventions importantes et d’une évolution de la réglementation favorable. Les fonds généralistes concurrencent de plus en plus les spécialistes. Sur les 28 deals recensés, 21 sont le fait de fonds d’investissement contre 7 opérations de fusions-acquisitions.

Mais c’est dans cette dernière catégorie que se situe le deal le plus important du trimestre : le rachat de l’américain Ausra, un spécialiste du solaire thermique, par Areva pour plus de 150 millions d’euros. Le géant français du nucléaire cherchait à se développer dans cette technologie depuis plusieurs mois. Il prend se revanche sur l’allemand Siemens, qui s’était emparé d’un autre leader de cette technologie, l’israélien Solel, en octobre 2009.

Toujours les énergies renouvelables

Malgré les inquiétudes sur le développement de l’éolien, après le rapport parlementaire de la Mission Ollier qui préconise un durcissement de la réglementation, et les incertitudes sur le solaire avec les nouveaux tarifs d’achat un peu moins généreux pour certains types d’installations (grandes toitures), les énergies renouvelables restent le secteur vedette : elles concentrent un peu plus de la moitié des deals signés (15 sur 28). Malgré les difficultés, l’objectif de la France d’atteindre 23% d’énergies renouvelables en 2020 reste une locomotive.

Si l’éolien et le solaire se taillent la part du lion, la biomasse se distingue également avec trois levées de fonds, pour EO2, un producteur de granulés de bois, Bioval Environnement, une start up positionnée sur l’approvisionnement en bois pour les chaudières et les centrales de cogénération, et Barraquand, un exploitant forestier qui se diversifie également dans la production de granulés de bois. La création d’un tarif d’achat spécifique pour la biomasse, le développement des appels d’offre et l’importance des réserves forestières dans le pays suscitent un véritable enthousiasme pour ce secteur qui semble promu à un très bel avenir dans les prochains mois.

Retard français sur la Bourse

Le deuxième secteur est celui des transports, avec notamment la levée de fonds du groupe familial de carrosserie Gruau (17,2 millions d’euros) pour se diversifier dans les véhicules utilitaires électriques ou celle de la société SP3H, dont les capteurs expertisent les carburants pour limiter la consommation et les émissions de CO2.

Enfin, le smartgrid et l’efficacité énergétique se développent également, avec des start up comme Mobigard (pilotage à distance de la consommation d’énergie) ou Quelle Energie (comparateur des économies d’énergie dans l’habitat). Et là encore, les levées de fonds devraient se multiplier dans les prochains mois sur ces marchés dopés par la réglementation.

Si aucune entreprise des cleantech ne s’est aventurée en Bourse au cours de ce premier trimestre, ce retard devrait bientôt être comblé. La France se met au diapason international avec plusieurs introductions annoncées pour les prochaines semaines, comme celles de Deinove (biocarburants) ou encore de Windeo (mini-éolien).

GreenUnivers.com

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