Windustry France ou comment développer l’industrie éolienne française

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A l’exception du groupe Vergnet, la France n’a pas de champion national dans l’éolien, mais elle peut se renforcer sur l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur. De nombreux industriels français ont, en effet, les compétences et le savoir-faire pour la fabrication de l’ensemble des composants d’une éolienne, selon une étude du cabinet Capgemini, présentée aujourd’hui et initiée par le Syndicat des énergies renouvelables, SER-FEE (France Energie éoliennes) et l’Ademe.

Cette étude est publiée opportunément alors que le rapport de la Mission parlementaire sur l’éolien, présidée par Patrick Ollier, propose un durcissement de la réglementation qui fait bondir les industriels et partisans de l’éolien.

Au travers d’une plate-forme collaborative baptisée Windustry France, l’objectif est d’identifier et sensibiliser les acteurs français susceptibles de prendre part au développement de cette filière industrielle.

Dans un premier temps, le projet veut identifier 3 à 6 nouveaux industriels capables de renforcer la filière. Au delà, il est question d’accompagner, dans les 12 à 36 prochains mois, de nouveaux acteurs, près de 150 à ce jour, et de lever les obstacles à la création d’un véritable secteur industriel.

Convertir des industriels à l’éolien

L’idée n’est pas de créer ex nihilo un grand fabricant de turbines à l’image des champions européens Vestas, Enercon, Siemens, Gamesa ou encore Acciona, mais bien de renforcer un tissu de fournisseurs de rang 1 ou 2 pour le marché de l’éolien domestique, et in fine international.

Le cabinet Capgemini a travaillé à l’identification des sociétés de l’industrie lourde – métallurgie, chaudronnerie, mécanique, aérodynamique, électronique de puissance, BTP, etc. – à même d’avoir les compétences pour la fabrication de 11 grands composants constituant une éolienne :  pales, mâts, nacelles, systèmes d’orientation, alternateurs…

Ainsi, à côté de plus de 140 acteurs de la filière déjà identifiés par le SER-FEE, 150 autres entreprises françaises semblent prêtes à diversifier leurs activités sur un ou plusieurs de ces composants, souligne Capgemini.

Créer 60 000 emplois d’ici à 2020

La France doit encore installer une puissance éolienne de 20 500 MW pour atteindre les objectifs fixés par le Grenelle d’ici 2020. Avec un parc de 4 500 MW déjà installés, un tissu industriel fort de 10 000 emplois et le deuxième gisement de vent européen, la France se situe parmi les cinq pays du continent les plus dynamiques, avec l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni.

Une puissance de 2 000 MW (environ 800 moulins) doit être installée par an dans les prochaines années, contre 1000 MW en 2009. Cela représente un investissement annuel de 2 à 3 milliards d’euros, à même d’impulser durablement des sites de production et d’assemblage en France.

Le pays pourrait multiplier par six ses emplois pour atteindre 60 000 emplois à l’horizon 2020. L’Allemagne dispose déjà de plus de 90 000 emplois dans l’éolien et l’Espagne 40 000, selon l’étude.

150 entreprises d’ores et déjà intéressées

Deux nouvelles usines sont déjà en route dans l’Hexagone. Celle de l’allemand Enercon près de Compiègne (Picardie), dans la fabrication de mâts en béton, avec à la clé 300 emplois d’ici fin 2010-début 2011. Et le projet d’EADS Astrium et Plastinov, près de Bordeaux (Aquitaine) pour la fabrication de pales, notamment pour les éoliennes de Vergnet.

Sur les 150 entreprises intéressées par le projet Windustry France, on trouve des grands groupes comme Safran (multiplicateurs, pales et composites, freins, etc), Nexter (électronique, mécanique), Caterpillar France (arbre principale, contrôle-commande, par exemple), ou encore les acteurs de l’aéronautique DCNS et EADS.

Les petites et moyennes entreprises de moins de 99 salariés représentent un tiers de l’ensemble.

Dernier élément mise en lumière par Capgemini, les régions “traditionnellement industrielles” se sont massivement mobilisées, à l’instar de Rhône-Alpes. Cinq clusters ont été identifiés pour répondre aux enjeux de l’industrie éolienne, dont le pôle Eolien Lorrain (Lorraine), le BRA (agence de développement économique de Bordeaux-Gironde), Mécanic Vallée (Midi-Pyrénées) du Groupe Chastagner (Sarthe) et Néopolia (Loire-Atlantique).

– L’étude “L’éolien se tourne vers les savoir-faire industriels français” est disponible sur le site du SER.

– Site Internet de Windustry France

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