Vers des datacenters moins énergivores : l’exemple de TelecityGroup

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Datacenters Paris 3 Condorcet - Aubervilliers - TelecityGroup

Les datacenters, ces gros centres de données et d’hébergement informatiques, tentent de réduire leur empreinte environnementale. Nouvelles technologies, éco-conception, bioclimatisation, systèmes en flux fermés, architectures électriques compartimentés sont des voies explorées pour réduire le Power Usage Effectiveness, ou PUE, l’indicateur mesurant l’efficacité énergétique d’un datacenter. TelecityGroup, l’un des leaders européens du secteur, vient d’achever la construction de son troisième datacenter en région parisienne à Aubervilliers (93), présenté comme l’un des meilleurs élèves de sa génération.

48 millions d’euros d’investissement

Ce centre de données, avec 3 400 m2 de salles informatiques d’ici 2011, aura nécessité un investissement de 48 millions d’euros. Le chantier s’est inscrit dans une logique d’éco-construction. Réalisé par ETDE et Brézillon, deux filiales de Bouygues Construction, le site a respecté un label « chantier vert », interne au groupe, et visant une démarche respectueuse dans les pratiques constructives et le choix des matériaux.

Mais les efforts se sont surtout portés sur la réduction des consommations énergétiques et des besoins en refroidissement. Le site doit permettre une réduction de 50% des consommations des installations techniques, soit une économie annuelle de 28 millions de kWh, et 2 500 tonnes de CO2 émises en moins.

La course à l’efficience énergétique

« L’objectif au sein de TelecityGroup est de passer le PUE sous la barre des 1,5, alors que la moyenne des centres traditionnels se trouve à 2,5 », explique Stéphane Duproz, Directeur général de TelecityGroup France. Ce PUE, calculé sur un an, est stratégique pour les acteurs du secteur. Au niveau mondial, les géants de l’informatique se livrent à une certaine course à la performance énergétique avec des PUE annoncés entre 1 et 1,5 par Microsoft, Sun ou encore Google.

Les marges de manœuvres sont nombreuses pour augmenter l’efficacité énergétique des centres de données, et faire baisser le PUE. TelecityGroup a mis en place à Aubervilliers 3 pôles électriques et 4 pôles climatiques indépendants, afin d’optimiser l’utilisation de l’énergie.

Un refroidissement bioclimatique

En termes de production de froid, véritable défi pour les datacenters, un système de free cooling a été privilégié. Il consiste à tirer partie au maximum des températures froides extérieures, naturelles et illimitées, pour la climatisation. Mais le recours en été à une climatisation traditionnelle souligne les limites dans ce domaine.

A la demande du client, les salles informatiques peuvent aussi être équipées d’allées froides, ou cold corridor. Cette technique permet de pulser de l’air froid par le sol. Cela nécessite un aménagement spécifique des baies, où sont rangées les serveurs, afin d’isoler les courants froids et chauds. Le flux de refroidissement est ainsi optimisé vers les serveurs.

Une serre végétale tire à profit la chaleur produite

Pour être encore plus en pointe en matière d’environnement, la climatisation ne présente pas d’additifs chimiques ni de glycol, de nature toxique, dans les circuits de refroidissement. L’utilisation de l’eau de ville est réduite à son minimum grâce à un système en flux fermés. Le toit présente une membrane blanche pour réduire le phénomène d’albédo. Une pile à combustible inférieure à 7 kW est également installée pour soutenir le système de sécurité en cas de dysfonctionnement électrique. Le bâtiment doit être aussi certifié ISO 14001 d’ici quelques mois.

Enfin un arboretum inédit, sorte de serre végétale méditerranéenne, a été installé dans le datacenter pour profiter de l’air chaud produit. Ce projet pilote est réalisé avec l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) et la Société Forestière (filiale de la Caisse des Dépôts) afin d’étudier l’impact du changement climatique sur les végétaux. Une première au monde, selon TelecityGroup. L’idée est de trouver des solutions pour récupérer les surplus calorifiques.

Une prise de conscience, mais…

TelecityGroup participe au “Code of Conduct for Datacenter,” une charte de bonne conduite, non contraignante, mise en place par l’Union Européenne en octobre dernier et ouverte aux acteurs du secteur. Une première  initiative, certes encore fragile. Le cabinet américain Gartner a également émis des recommandations en 2008 sur l’efficacité énergétique des datacenters.

Le centre de données dernière génération d’Aubervilliers n’empêchera pas une consommation énergétique excessive par nature. La puissance totale du site peut atteindre 14 MW, et la consommation moyenne est prévue autour de 2kW par mètre carré. Les datacenters sont plus qu’énergivores. Le quotidien britannique The Guardian révélait mi-2009 qu’un datacenter de Google situé dans l’Oregon (USA) pourrait consommer, en pleine capacité à partir de 2011, une puissance de 103 MW, soit l’équivalent énergétique de la ville anglaise de Newcastle !

Un vrai défi alors que le marché d’hébergement d’infrastructures informatiques pourrait afficher une croissance annuelle de 23% pour les quatre prochaines années sur les principaux marchés européens (France, Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas) selon une étude 2009 du cabinet français Régional Partner.

Alexandre Simonnet

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