3MW dessale naturellement l’eau de mer

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Image 2 Après dix ans de recherche, la société française 3MW a mis au point une technologie qui permet de produire de l’eau douce à partir de l’eau de mer en travaillant sur le cycle naturel de l’eau, reproduit dans un module de la taille d’une armoire. En phase d’industrialisation, le système devrait être commercialisé en 2011.

En forte croissance, le marché mondial de dessalement de l’eau a de quoi susciter des vocations. Evalué actuellement à 10 milliards de dollars, il pourrait grimper à 16 milliards en 2016, selon le cabinet Global Water Intelligence.

3MW, basée à Paris, compte se faire une place dans le secteur grâce à sa solution naturelle de dessalement qui se distingue des techniques déjà éprouvées, comme l’osmose inverse ou la distillation, et se veut plus économe en énergie.

Inventeur du process, le docteur et ingénieur Jean-Paul Domen a créé l’entreprise en 1999 avec une dizaine d’investisseurs individuels. Après plusieurs brevets déposés et le renfort de plus de 2,5 millions d’euros de fonds publics et privés, la pré-industrialisation a commencé près d’Angers (Maine-et-Loire) fin 2009.

Un système d’évaporation – condensation

La technologie mise au point, dite MEDC (Multiple-effect drying & condensation), reproduit les flux d’évaporation et de condensation du cycle de l’eau. Dans un module d’1 m3 environ, des plaques verticales jouent le rôle d’échangeur de chaleur. Une ventilation forcée génère un flux d’air pour créer un cycle.

Du côté évaporation, de l’eau salée, préchauffée à 80° environ, s’écoule du haut vers le bas. A contre courant, de l’air se déplace du bas vers le haut, et se charge d’humidité. L’eau restante, concentrée de sel, est évacuée.

Une fois en haut, le flux d’air, chargé d’eau, va être surchauffé de 1 ou 2°C puis dirigé dans la partie condensation, afin de redescendre. Le différentiel de température avec l’air présent du côté évaporation transforme l’humidité en buée, puis en eau douce à la sortie du module.

Faible consommation d’énergie

Celui-ci produit 1 m3 d’eau douce par jour et rejette autant d’eau salée concentrée. Le système de chauffage repose sur l‘énergie solaire thermique ou une énergie dissipée par une autre source de chaleur. Seul le système de ventilation nécessite une alimentation électrique de 200 Wh/m3 : vingt fois moins que des technologies traditionnelles, selon 3MW.

L’équipement est en plastique pour éviter la corrosion et le dispositif est modulaire. « Par rapport à la technique par osmose inverse, par exemple, l’investissement est comparable, indique Antoine Gourdon, directeur du développement. En revanche, en fonction du coût de l’énergie thermique, les coûts d’exploitation peuvent être inférieurs de 30 à 50 %. »

Pour l’heure, 3MW se positionne sur le marché des petites installations : écoles, hôtels, petites collectivités… Mais il vise à terme les sites industriels et les grandes usines de dessalement, un marché sur lequel sont présents les autres français Suez Environnement et Veolia, ou encore l’espagnol Acciona Agua.

Ambitieuse, la société emploie 18 personnes et prévoit 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011 puis 100 millions à partir de 2016.

Alexandre Simonnet

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