Au Texas, le projet éolien chinois qui gêne

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chine eolienneParmi les très grands projets éoliens qui fleurissent aux Etats-Unis, celui-ci passe mal : un parc d’environ 600 MW prévu au Texas, d’un coût de 1,5 milliard de dollars, qui serait l’un des plus grand du pays et alimenterait 180.000 foyers, mais… financé par des banques chinoises et entièrement réalisé avec des éoliennes fabriquées en Chine.

Ce projet, annoncé le 29 octobre, est une joint-venture entre le groupe chinois Shenyang Power Group (SPG) et les américains Cielo Wind Power, gros développeur de parcs éoliens, et le fonds d’investissement U.S. Renewable Energy Group. Le fabricant chinois d’éoliennes A-Power Energy Genération, qui est actionnaire de  SPG et coté au Nasdaq, sera le fournisseur exclusif des 240 éoliennes du parc.

Pour A-Power, entré depuis moins de deux ans sur le créneau éolien, c’est une percée spectaculaire sur le marché américain. A-Power a mis sur pied la plus grosse usine d’éoliennes de Chine, d’une capacité de production de 1,1 GW, et vante sa main d’oeuvre chinoise peu coûteuse et hautement qualifiée. Il a développé ses éoliennes en s’appuyant sur la technologie de deux industriels européens, l’allemand Furhlander et le danois Norwin.

Un soufflet pour GE

Le groupe chinois dame ainsi le pion, sur son propre terrain, au groupe américain General Electric, l’un des géants mondiaux des éoliennes, qui dominait jusqu’ici l’éolien américain.

Les Chinois ne se sont d’ailleurs pas privés de déclarer que ce contrat prouverait aux Etats-Unis, premier marché mondial pour l’éolien, l’expertise chinoise en matière d’éoliennes et de financement.

C’est un soufflet pour General Electric, dont les éoliennes équipent près de la moitié des parcs qui ont vu le jour aux Etats-Unis en 2008 et aussi 21 des 51  parcs installés sur les 9 premiers mois de 2009, les autres constructeurs étrangers (Suzlon et l’allemand Siemens, surtout) se disputant le reste.

Mais de toutes façons, les grands constructeurs d’éoliennes ne sont pas américains. Les Etats-Unis restent en retard notamment sur l’Europe, siège des leaders mondiaux comme le danois Vestas ou l’allemand Siemens, même si commence à naître une industrie éolienne aux Etats-Unis, attirée par les subventions fédérales.

Obama accusé

Le futur parc du Texas recevra des subventions égales à 30% du coût total, comme le prévoient les mesures « vertes » du gouvernement Obama. D’où une avalanche de critiques : car dans l’éolien, la plupart des emplois viennent de la construction des éoliennes plutôt que de leur installation. La presse calcule que seuls 15% des 2.800 emplois créé par le projet du Texas seront basés aux Etats-Unis. Obama est désormais accusé de financer des emplois éoliens… en Chine.

En guise de réponse, les Etats-Unis ont demandé à la Chine d’abandonner ses règles ultra-protectionnistes qui imposent  que 70% des composants des éoliennes chinoises soient également fabriqués en Chine. Pékin a promis d’y renoncer, a récemment annoncé le secrétaire américain au Commerce, mais sans dire quand.

Pour la petite histoire, en mars 2009, General Electric a conclu une alliance avec A-Power pour lui  faire fabriquer, en Chine, les boîtes de vitesses de ses éoliennes…

Des mega-parcs  financés à l’étranger

C’est loin d’être le seul exemple de grands parcs éoliens américains financés par des fonds non-américains. Par exemple l’allemand E.ON a investi 1 milliard de dollars pour construire le plus grand parc du monde, à Roscoe, au Texas, de 627 éolliennes et 780 MW, ouvert début octobre, et récemment deux autres parcs d’un total de 600 MW, portant  la capacité éolienne d’E.ON aux Etats-Unis à  1,7 GW.

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