Le petit éolien français peine à décoller

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minieolienLe mini-éolien frémit à peine en France, malgré les espoirs de croissance : environ 1000 aérogénérateurs de petite puissance* sont installés, selon les estimations. Dans d’autres pays, le secteur a déjà décollé. Aux Etats-Unis, le marché est même en effervescence : 10 500 petites éoliennes* vendues en 2008 et 80 MW de puissance totale installés selon l’American Wind Energy Association (AWEA) qui estime que le marché pourrait atteindre 1 700 MW en 2013.

Au Royaume-Uni, plus de 15 000 petites éoliennes* sont installées à ce jour pour une puissance cumulée de 32 MW. Et comme son homologue américaine, la British Wind Energy Association (BWEA) estime que le potentiel de croissance est très important, avec 1 300 MW projetés en 2020.

Un cadre français totalement inadapté ?

En France, de nombreux freins subsistent. L’association professionnelle France Energie Eolienne (FEE) soulignait, dès 2005, que le petit éolien était la victime collatérale des zones de développement éolien (ZDE). Depuis juillet 2007, seules les ZDE peuvent en effet prétendre au tarif d’achat imposé à EDF (0,082 €/kwh). Or si le  petit éolien repose sur la production d’une énergie de proximité destinée à sa consommation personnelle, en cas de surplus, la revente d’électricité à un opérateur est possible.

Aujourd’hui, il est donc presque impossible de bénéficier d’un contrat de rachat subventionné pour une éolienne individuelle. Et hors des ZDE, l’Ademe estime que la rentabilité d’un projet de petit éolien est rarement assurée, malgré les aides de l’Etat (crédit d’impôt à hauteur de 50%).

De plus, l’obligation d’obtenir un permis de construire pour les aérogénérateurs de plus de 12 mètres décourage aussi nombre de projets.

Michel Galligo, président de Weole Energy, l’un des principaux acteurs du secteur, regrette le cadre administratif trop contraignant :« en France, pour des éoliennes de plus de 12 mètres il faut réaliser une notice d’impact (évaluation environnementale) qui représente en moyenne le coût de l’éolienne elle-même”, déplore-t-il.

Déployer des petites éoliennes supérieures à 12 mètres est donc compliqué et coûteux. Inversement, cela laisse la place à un développement confus des éoliennes inférieures à 12 mètres, aux bilans énergétiques souvent moins intéressants.

Des alliances stratégiques

Le marché français n’en est pas moins compétitif… et risqué. La société France Eolienne qui faisait partie des principaux acteurs il y a un an, a été placée, en juillet dernier, en redressement judiciaire.

Aujourd’hui, quelques acteurs d’envergure affichent leurs ambitions et en particulier le français Weole Energy et le belge Windeo. Le premier, après avoir levé 2 millions d’euros en 2008, développe depuis près d’un an un partenariat stratégique avec le fournisseur d’électricité Direct Energie. Celui-ci rachète exclusivement le surplus de production éolien des clients Weole (0,08 €/Kwh, dégressif).

Le second a annoncé début octobre un partenariat stratégique avec le fournisseur Planète OUI, sur le même modèle de rachat (0,07 €/Kwh, tarif unique).

Weole Energy avance un chiffre d’affaire (CA) prévisionnel 2009 de 2,5 millions d’euros, et ambitionne de réaliser 6 millions en 2010. Windeo prévoit 3 millions d’euros de CA en 2009 et envisage quant à lui un 66,5 millions d’euros d’ici 2012.

Un besoin de certification

Leurs offres clé en main concernent différentes gammes d’éoliennes, à axe horizontal ou vertical, d’une puissance de 1 KW à 25 KW. Le retour sur investissement est de l’ordre d’une dizaine d’années. Eolienne de France propose également ce genre de services (étude, démarche administrative, installation, maintenance).

Egalement présents sur le marché, les français Joliet Eolienne France, Krug ou encore Eolys. Nheolis propose, quant à elle, des éoliennes tri-dimensionnelles, Apple Wind, des éoliennes à axe verticale qui s’intègrent au bâti. Face au foisonnement des produits et des acteurs, le marché a besoin de se structurer.

D’autant que le secteur des petites éoliennes est habitué aux promesses de production largement exagérées. Aux clients de se livrer à une comparaison des prix et des performances des machines, des coûts de maintenance, des références, des garanties et de la rentabilité du projet. Une analyse météorologique est vitale. Et en ville la question du potentiel du mini-éolien est posée.

Alexandre Simmonet

* Pour l’Ademe, le petit éolien concerne les aérogénérateurs d’une puissance comprise entre 0,1 KW et 20 KW, montés sur des mâts de 3 à 10 mètres. C’est à dire les petites éoliennes ne nécessitant pas de permis de construire. Pour les industriels (français), le petit éolien peut aller jusqu’à 36 KW de puissance, avec des mâts de 10 à 36 mètres. Au Royaume-Uni (rapport BWEA) les « Small Wind Systems » peuvent présenter jusqu’à 50 KW et aux Etats-Unis (rapport AWEA), les « Small Wind Turbines » sont tous les systèmes inférieurs à 100 KW !

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