Timide début d’une industrie des énergies renouvelables en France

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chinasolarpanelsDépourvue de filière industrielle dans les énergies renouvelables, la France n’a pas dit son dernier mot. Même si elle aura du mal à combler son retard, les initiatives se multiplient dans le solaire et l’éolien depuis quelques semaines.

Les annonces les plus spectaculaires émanent du solaire, un secteur dont le boom actuel des installations dans l’Hexagone profite essentiellement aux fabricants allemands, américains ou chinois.

Une usine solaire en Poitou-Charentes

Le groupe Solairedirect vient ainsi d’annoncer un investissement de 11 millions d’euros pour se doter d’une usine de panneaux solaires photovoltaïques cristallins à  Châtellerault (Vienne), avec l’aide de la région Poitou-Charentes, qui avait lancé un appel d’offres en direction des industriels pour le développement d’une filière dans les équipements pour les énergies renouvelables. La construction démarrera en 2010 pour une mise en service au premier trimestre 2011.

Le site aura une capacité de production de 120 000 panneaux par an, soit l’équivalent de 36 MW. Il devrait créer 80 emplois directs. Les cellules seront importées d’Allemagne. Le groupe, qui réalise un chiffre d’affaires de près de 100 millions d’euros, a un autre projet en France,  dans les Alpes de Haute-Provence.

L’objectif de Solairedirect, créé en 2006 et dirigé par Thierry Lepercq, est d’être présent sur toute la chaîne de valeur du solaire : de la production des panneaux à l’exploitation des sites. Il n’a pour l’instant qu’une usine de production de panneaux à base de silicium cristallin au Cap, en Afrique du sud.

Partenariat entre EDF Energies Nouvelles et First Solar

Encore plus ambitieux, le futur site de fabrication de cellules à couches minces de EDF Energies Nouvelles (EDF EN) et de l’américain First Solar, leader mondial des panneaux à couches minces. Les deux partenaires ont annoncé, en juillet dernier, un investissement de 90 millions d’euros pour ce qui devrait devenir « le » grand site industriel solaire de France, dont le lieu exact d’implantation dans le sud de la France n’est pas encore connu.

L’usine bénéficiera d’aides publiques, aura une capacité de production initiale de plus de 100 MW par an et emploiera entre 300 et 350 salariés. Pendant dix ans, l’intégralité de la production sera réservée à EDF EN.

Plus modeste et sur un autre segment, le fabricant de chaudières Saunier Duval vient d’investir 3,5 millions d’euros dans une ligne de production de panneaux solaires thermiques (servant à produire de l’eau chaude et à alimenter des radiateurs à basse consommation) sur son site de Nantes (Loire-Atlantique). Saunier Duval prévoit de fabriquer 125 000 panneaux thermiques, soit un panneau toutes les deux minutes.

Le fabricant de chaudières, dont la maison mère allemande Vaillant s’est déjà diversifiée dans les panneaux solaires, espère ainsi trouver un nouveau gisement de croissance alors que son activité traditionnelle décline.

Des projets aussi dans l’éolien

Dans l’éolien également, la création ou la reconversion d’usines est à l’ordre du jour. Jusqu’à présent, des sous-traitants sont positionnés sur le marché mais seul le groupe Vergnet, spécialisé dans les éoliennes de moyenne puissance rabattables pour les zones exposées à des vents violents, possède un site d’assemblage dans l’Hexagone. Mais plusieurs projets sont dans les tuyaux.

Le plus important émane d’un fabricant allemand, Enercon, qui va investir 15 millions d’euros dans une usine d’assemblage d’éoliennes à Longueil-Sainte-Marie, dans l’Oise. Ce sera la première usine d’éoliennes de grande taille du territoire qui devrait employer plus de 700 salariés à l’horizon 2012. Dans un premier temps, un bâtiment de 16 000 m² est prévu et, si les prévisions de croissance du marché éolien se confirment, un second bâtiment logistique devrait sortir de terre en 2011.

Des reconversions en cours

Autre exemple, la reconversion de l’ancien site automobile de Ford à Blanquefort, en Gironde, en usine de production de grandes couronnes d’éoliennes, une nouvelle activité développée par les repreneurs, les groupes allemands HZ et Johann Hay, avec l’aide des pouvoirs publics. La construction de deux nouveaux bâtiments doit démarrer dans les prochaines semaines pour un début de production annoncé en 2011.

Ces initiatives suffiront-elles à doter la France d’une filière industrielle dans les énergies renouvelables ? Elles restent pour l’instant modestes compte-tenu de l’importance du retard et ne permettront pas de concurrencer les géants mondiaux. Mais la France pourra peut-être développer des niches industrielles ou jouer la carte des technologies qui ne sont pas encore matures, notamment dans le solaire, pour profiter de la croissance des énergies renouvelables.


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