La France renoue timidement avec le solaire thermique

Print Friendly, PDF & Email
promes
© Promes

Alors que le solaire thermique est en plein boom dans le monde entier, la France, très en retard dans ce domaine, recommence timidement à s’y intéresser. L’ancienne centrale solaire Thémis, installée à Targassonne (Pyrénées-orientales), reprend peu à peu du service.

Cette centrale pionnière, conçue par le CNRS, avait été mise en service dès 1983 par EDF : plus de 200 miroirs plans mobiles ou héliostats faisaient converger les rayons du soleil sur une tour de 101 mètres de hauteur. Ils réchauffaient des sels fondus, dont la chaleur faisait tourner une turbine. Las ! Trois ans plus tard, la centrale était abandonnée par manque d’intérêt au sommet de l’Etat et d’EDF et aussi pour cause de baisse du prix du baril de pétrole après la flambée des années 70, qui rendait le solaire moins attractif.

Aujourd’hui, Thémis renaît de ses cendres sous le nom de Pégase (production d’électricité par turbine à gaz et énergie solaire). Le site est désormais entre les mains des chercheurs du laboratoire Promes du CNRS et sous la gestion du Conseil Général des Pyrénées-Orientales et de la Région Languedoc-Roussillon avec l’aide du pôle de compétitivité Derbi, dédié aux énergies renouvelables.

Le site est aujourd’hui en plein chantier, la moitié des miroirs de l’ancienne centrale devant être remis en service d’ici à la fin de l’année. Pas question toutefois de refaire la même expérience de solaire thermique, l’objectif étant pour le laboratoire Promes (Procédés matériaux et énergie solaire) du CNRS d’expérimenter une centrale solaire hybride à cycle combiné.

Au lieu de faire fondre des sels, les chercheurs du laboratoire Promes vont réchauffer de l’air comprimé (à une pression de l’ordre de 10 atmosphères). pegaseCet air sera ensuite détendu dans une turbine, un peu comme de l’air sortant d’un ballon qui se dégonfle, sur le principe des turbines à gaz (voir schéma ci-contre). L’objectif étant d’expérimenter un prototype de centrale solaire offrant de hauts rendements de conversion et un faible coût de l’électricité produite. Pégase, qui sera achevé en 2013, devrait produire entre 1,4 et 2 MW d’électricité.

Cette reconversion de ce qui fut un site précurseur de solaire thermique nécessitera plus de 8 millions d’euros d’investissement au total.

Reste que Pégase devra faire ses preuves face aux autres centrales de solaire thermique traditionnelles, qui se multiplient dans les zones les plus ensoleillées de la planète, notamment en Espagne et dans l’ouest des Etats-Unis.

Selon une récente analyse de la banque UBS, le solaire thermique pourrait d’ici à dix ans être moins cher que le solaire photovoltaïque, aussi bon marché que l’éolien et presque aussi bon marché que les centrales à charbon. Et UBS prévoit d’ailleurs 20 GW de centrales solaires thermiques dans le monde en 2020.

Article précédentAu Canada, les éoliennes vont fleurir sur les Grands Lacs
Article suivantSmartgrid ? Non, smart sèche-linge