Paprec résiste grâce à la croissance externe

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paprecTrois acquisitions en quelques mois, une montée en puissance au capital d’une petite société, la mise en service d’une usine de recyclage de bouteilles plastiques avec Sita : la crise qui frappe sévèrement le marché du recyclage depuis l’automne 2008 ne semble pas arrêter le groupe Paprec.

Le numéro trois français du recyclage, loin derrière les deux géants Veolia Environnement et Sita (Suez), a multiplié les acquisitions depuis quelques mois : ces dernières semaines, il vient de reprendre Boucou Recyclage (8 millions d’euros de CA), une société de  Pau en dépôt de bilan que convoitait également Veolia, et a racheté la totalité de Valdelec (10 millions d’euros de chiffre d’affaires), spécialiste des déchets d’équipements électriques et électroniques dont il possédait 50% du capital aux côtés du groupe allemand Alba.

Déjà, en février dernier, le groupe fondé et dirigé par Jean-Luc Petithuguenin s’était emparé de la société bordelaise Acoor Environnement (5 millions d’euros de CA) et, en octobre 2008, de Prévost Environnement, une entreprise du Lot spécialisée dans la collecte et la valorisation des déchets industriels et des collectivités (8,9 millions d’euros de CA).

Et il regarde d’autres dossiers. « Nous n’allons pas forcément multiplier les acquisitions, mais avec la crise, les petites entreprises souffrent terriblement et nous recevons beaucoup de sollicitations de reprise », reconnaît le PDG qui s’enorgueillit de réaliser 70% de croissance organique en moyenne depuis quinze ans. Ces récentes emplettes devraient d’ailleurs lui permettre de sauver une année particulièrement difficile.

Le groupe a, en effet, dû revoir ses ambitions à la baisse : alors qu’il visait initialement un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros en 2009, son PDG table désormais sur 350 millions, comme en 2008. « La crise nous fera perdre de l’ordre de 100 millions d’euros de croissance mais nous compenserons partiellement grâce à 50 millions d’activités nouvelles », estime Jean-Luc Petithuguenin, qui en quinze ans d’activité n’avait jamais connu une période aussi difficile. « En quelques jours, en novembre dernier, tous les cours se sont effondrés, il n’y avait plus de demande ».

Paprec, qui tient à son indépendance, a les moyens de faire d’autres acquisitions : depuis juin 2008, il compte comme actionnaire Bernard Arnault, via sa filiale Financière Agache Private equity, qui lui a apporté quelque 100 millions d’euros en échange de 37% du capital, devenant son deuxième actionnaire derrière Jean-Luc Petithuguenin. Et il vient de recruter un nouveau directeur financier, Thierry Coloigner, un X issu de la Financière Agache, qui va notamment s’occuper des fusions-acquisitions.

Le groupe mise aussi sur des partenariats, y compris avec des concurrents. Il s’est allié avec Sita pour créer France Plastiques Recyclage (FPR), dont l’usine de Limay en région parisienne a été inaugurée fin juin (photo). Un investissement de 40 millions d’euros (20 millions pour chaque partenaire) pour un site capable de traiter 40 000 tonnes de bouteilles plastiques en 2010 et de produire 30 000 tonnes de matière recyclée.

L’usine vient de décrocher son premier client, Evian Volvic Sources (groupe Danone), pour la production de PET recyclé bottle to bottle, un contrat qui assure près de 35% de la capacité du site. Jean-Luc Petithuguenin espère aussi signer rapidement avec Nestlé et Coca Cola. Et le groupe étudie un autre partenariat du même type avec un grand groupe étranger, mais dans un autre secteur du recyclage.

Pour ses activités existantes, Paprec constate actuellement une reprise des cours dans plusieurs filières, comme des analyses récentes semblent le montrer. « On peut espérer que nous avons touché le plancher », estime son président qui compte surtout sur un redémarrage du tri sélectif des ménages, si la consommation se maintient, mais aussi des déchets des équipements électriques et électroniques grâce au cuivre qui repart bien, et du traitement du bois, secteur tiré par les nombreux projets de chaufferie et de biomasse.

Le groupe mise aussi sur la R&D : dans un secteur du recyclage longtemps peu innovant, la technologie a fait une entrée en force et devient un atout compétitif. « En 2000, nous n’avions aucun laboratoire. Désormais, nous en avons un dans chaque usine, poursuit le PDG. Et nous consacrons désormais près de 5% de notre chiffre d’affaires à la R&D ».

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