EDF convoite le marché du carbone

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edfNouvelle effervescence sur le marché du carbone. EDF Trading, filiale d’EDF spécialisée dans le négoce de l’électricité et du charbon, tente de mettre le main sur la société irlandaise EcoSecurities, l’un des leaders européens des crédits carbone. Son offre a pour l’instant été rejetée.

D’autres grands énergéticiens ont pris ces derniers mois des positions sur ce marché : à l’automne dernier, le français GDF Suez s’est emparé de la société américaine Econergy International, présente dans les énergies renouvelables et les crédits carbone, et l’allemand RWE a pris 50% d’Agrinergy, une société basée à Singapour. Des banques ont également pris des positions, comme Goldman Sachs ou Morgan Stanley, qui a augmenté, il y a quelques mois,  sa participation dans… EcoSecurities.

Les énergéticiens ont en effet de plus en plus intérêt à proposer à leurs clients à la fois de l’électricité et des crédits carbone pour compenser leurs émissions de CO2, puisque celles-ci sont limitées dans le cadre de la réglementation europénne. Et la prochaine création d’un système de quotas pour les entreprises aux Etats-Unis, annoncé pour 2012, ne fait que renforcer ce mouvement.

EcoSecurities, créé en 1997, est l’un des leaders du marché des crédits carbone en Europe. Elle affirme travailler aujourd’hui sur 400 projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans 36 pays pouvant générer 140 millions de crédits carbone. Elle est cotée à la bourse de Londres.

Absent du marché, EDF Trading a voulu couper l’herbe sous le pied d’un concurrent : la société néerlandaise Guanabara, un holding codétenu par Pedro Moura Costa, l’un des fondateurs et toujours actionnaire de EcoSecurities (via sa société Polar Sky corporation), a indiqué il y a quelques jours réfléchir à une offre sur Eco Securities au prix de 60 pence l’action.

Selon EcoSecurities, EDF Trading lui a soumis une offre en cash indicative et conditionnelle à 96 pence par action, ce qui valoriserait la société à 113 millions de livres (130 millions d’euros). De son côté, EDF Trading a confirmé réfléchir à une offre au prix minimal de 75 pence l’action. EcoSecurities a rejeté cette offre «non sollicitée » et a recommandé à ses actionnaires de ne pas suivre.

Ces grandes manœuvres ont fait bondir le titre, qui a pris 30% sur la seule journée d’hier pour cloturer à 77,85 pence. On est encore loin de son record de 400 pence atteint en juillet 2007, mais, selon certains analyses, cette bataille de prédateurs devrait encore pousser l’action à la hausse dans les prochains jours.

Le marché des crédits carbone, surtout les crédits volontaires, est aujourd’hui pénalisé par la crise qui a fait chuter la production industrielle et donc les émissions de CO2. Taillant dans leurs dépenses, les entreprises ont freiné  leurs achats de crédits carbone volontaires en Grande-Bretagne comme en France, par exemple. Mais le marché devrait logiquement rebondir à l’approche de la phase 3 du dispositif européen (à partir de 2013), qui sera plus contraignante qu’aujourd’hui pour les entreprises, et de la création du marché américain du carbone.

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