La France développe le photovoltaïque, mais manque d’industrie

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ciel_soleil1Bien que la France reste à la traîne sur les grands pays solaires européens que sont l’Allemagne et l’Espagne, le photovoltaïque commence enfin à s’y développer sérieusement et la croissance devrait s’accélérer. 105 MW ont été installées en 2008, dont 75 en métropole, selon Enerplan, l’association professionnelle de l’énergie solaire. Ce qui porte la puissance du parc installé à 175 MW. 

La hausse du tarif d’achat en 2006 (il avait été initialement instauré en 2002) a permis ce décollage du secteur, dont la capacité annuelle en 2005 n’avait pas dépassé 7 MW. Les bonnes conditions d’ensoleillement (notamment dans le sud) ont fait le reste. Et les perspectives sont bonnes : entre 200 et 300 MW de capacités supplémentaires devraient être installés en 2009, selon un rapport du cabinet PricewaterhouseCoopers sur la filière photovoltaïque en France. 

Cette dynamique positive devrait durer au moins jusqu’à fin 2010 selon les experts de PricewaterhouseCoopers, grâce toujours au tarif d’achat et à l’ensoleillement mais aussi aussi à la baisse importante du prix des modules lié à la surproduction et à des innovations technologiques (comme l’utilisation d’un silicium moins pur, un procédé mis au point par le CEA). 

Du côté d’Enerplan, l’optimisme est à plus longue durée encore : l’association anticipe un marché de 13,4 GW cumulés fin 2020 uniquement dans le bâtiment, quand le scénario prévu par le Grenelle de l’environnement est beaucoup plus modeste, à 5,4 GW. A condition toutefois que le taux de pénétration du PV dans le neuf atteigne 70% en 2020 contre seulement 4% en 2009. Le marché de la rénovation devrait rester beaucoup plus modeste avec un taux de pénétration de 2%, car l’intégration de panneaux PV à l’existant demeurera complexe et très coûteuse. 

Quant aux projets de centrales solaires, elle soulève parfois la méfiance : “beaucoup de promoteurs immobiliers se reconvertissent aujourd’hui dans le solaire mais tous les projets annoncés ne verront pas le jour”, prédit André Joffre, le président d’Enerplan. Le gouvernement a toutefois la volonté de construire une grande centrale par région d’ici à 2011. 

Quelles entreprises profiteront de ce boom ? La France souffre d’une faiblesse de son industrie amont : la progression du nombre des installations favorise surtout les fabricants étrangers de cellules, qu’ils soient allemands (Q-Cells notamment), chinois (Suntech…) ou japonais (Sharp, Kyocera…). La tentative de développer une grande usine de production de silicium et de panneaux avec Silpro (le projet de reconversion d’un site du groupe chimique Arkema dans les Alpes de Haute-provence) a pour l’instant échoué, Silpro ayant été placé en redressement judiciaire début avril

En aval, de nombreuses sociétés se lancent sur le marché depuis deux ans. PricewaterhouseCoopers en a identifié pas moins de 180 et prédit une consolidation future, sous l’effet de la pression concurrentielle et d’une baisse envisagée des tarifs d’achat à partir de 2012. 

Accéder au rapport complet de PricewaterhouseCoopers en cliquant ici

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