Compenser son carbone ? Les entreprises françaises freinent

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Parmi les 15 projets qui permettent à EcoAct de commercialiser des crédits carbone figurent un gros projet hydro-électrique en Inde, qui lui fournit 200.000 tonnes de certificats CO2, mais aussi des projets bien plus petits, comme la construction de chambres froides par refroidissement naturel dans de petits villages du Sahel.

EcoAct met toujours en avant le côté social de ces projets, un argument clé selon lui face aux certificats proposés par  ses grands concurrents britanniques.

Ses concurrents Action Carbone et CO2 solidaire, des organismes à but non lucratif, constatent eux aussi un repli.

Créé il y a 3 ans, Action Carbone, organisme hébergé par GoodPlanet, l’association dirigée par Yann Arthus-Bertrand, a placé 80.000 tonnes en 2008, mais constate elle aussi un coup de frein.

« Clairement, nous sommes moins sollicités. Au premier trimestre nous avons commercialisé pour 400.000 euros de certificats, soit 20.000 tonnes d’équivalents CO2, autant qu’au 1ertrimestre 2008 mais il s’agit en large part de contrats conclus l’an dernier », indique le directeur d’Action Carbone, Mathieu Tiberghien

Leur plus gros acheteur au premier trimestre a été le groupe Cortal Consors, filiale de BNP Paribas, qui lui a acheté pour environ 15.000 tonnes équivalent CO2 de certificats.

Ces certificats sont basés sur 6 projets réalisés en partenariat avec des ONG locales, qui sont ainsi soutenus financièrement par la vente des certificats. Les vendeurs de certificats carbone doivent toujours  avancer les fonds, puisqu’ils doivent d’abord financer les projet et les faire démarrer avant de pouvoir revendre des certificats.

Le plus gros projet d’action Carbone est un projet de biogaz (énergie produite à partir des excréments d’animaux) en Inde. Action Carbone s’est aussi alliée à Air France pour que la compagnie aérienne propose ses certificats carbone à ses passagers — par exemple, 2 tonnes pour compenser un aller retour Paris-New-York. L’association maintient pour ses certificats un prix fixe de 20 euros par tonne.

Action Carbone dit pousser fortement ses clients à réduire d’abord leurs émissions avant de chercher à les compenser. “Nous n’en faisons pas pas une exigence mais une forte incitation. Sinon, c’est s’acheter une bonne conscience et s’autoriser à polluer”.

L’organisme qui affiche le plus d’exigence dans ce domaine est sans doute CO2Solidaire, une émanation de l’ONG GERES (Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarité), qui promeut des projets d’énergies propres dans les pays en développement en travaillant directement sur le terrain.

Si le Geres travaille sur une trentaine de projets, CO2Solidaire propose des certificats de compensation carbone basés sur quatre d’entre eux, dont un vaste programme de diffusion de fours de cuisson économes en bois au Cambodge. Déjà 650.000 fours ont été vendus par une filière locale. Ces fours  utilisent 30% de bois en moins que les fours habituellement utilisés, ce qui permet de lutter contre la déforestation. Ce programme fournit à CO2Solidaire des certificats représentant 130.000 tonnes de CO2 compensées.

Son responsable Renaud Bettin explique que CO2Solidaire exige des entreprises qui veulent lui acheter des certificats qu’elles réduisent d’abord leurs émissions et même qu’elles ne communiquent que très discrètement sur leur compensation carbone. “Compenser n’a aucun sens sans effort de réduction”, martèle-t-il. Il met d’ailleurs en garde contre les “requins” de ce marché qui “fleurissent à vue d’oeil”, attirés par “un énorme appât du gain”.

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