Le bâtiment vert : un enjeu colossal pour l’Ile-de-France

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haussmannLa transition vers des bâtiments « verts » ? C’est un défi pour l’Ile-de-France autant qu’une opportunité pour ses entreprises, selon les experts réunis pour la première conférence Innov’Eco du 5 mars, consacré au marché francilien du bâtiment propre et économe, dont GreenUnivers est partenaire.

La région concentre 20% de la population française et 15% de la consommation énergétique nationale, avec 24,6 millions de tonnes équivalent pétrole par an. Avec les transports, le bâtiment est l’un des secteurs les plus énergivores. Il génère 22% des émissions de gaz à effet de serre du pays. Avec la loi sur le Grenelle de l’environnement, il va devoir faire sa révolution verte.

Pour la région francilienne et ses 700 millions de m2 de bâtiments, l’enjeu est crucial. « L’ancienneté des constructions rend le chantier complexe. 70% de l’habitat a été construit avant la première législation thermique de 1975 », souligne Dominique Sellier, responsable du pôle prospective à l’Agence Régionale de l’Energie et de l’Environnement (Arene). A Paris même, les trois quarts du parc immobilier datent d’avant la seconde guerre mondiale. « Le taux de renouvellement est très faible : moins de 0,5% par an, précise Catherine Barbé, chef de la mission de préfiguration de l’Institut de la ville durable. Ce parc affiche pourtant des performances énergétiques assez bonnes, avec une moyenne de 247 kWh/M2/an ». Il faudra pourtant faire mieux : la loi Grenelle de l’environnement impose des normes ambitieuses pour les prochaines années, avec par exemple un objectif de 150 kWh/m2/an en 2020 pour une partie des bâtiments anciens.

Des initiatives commencent à apparaître. La ville de Limeil-Brevannes, près de Créteil dans le Val-de-Marne, a inauguré en 2007 le premier bâtiment public à énergie positive de France, une école maternelle recouverte de panneaux photovoltaïques. Et dans quelques semaines, la commune commencera la construction d’un éco-quartier dont tous les bâtiments seront à énergie positive.

Pour répondre à ces nouveaux besoins, l’offre est en train de se structurer. « Quatre grandes activités sont nécessaires : le conseil/ingénierie/bureaux d’étude, la production industrielle, l’installation et enfin la maintenance et l’exploitation. Elles sont plutôt bien représentées en Ile-de-France, surtout la première. C’est un gisement très favorable pour les PME et les grands groupes », reprend Dominique Sellier. Il reste encore des besoins : « on manque de maîtres d’œuvre capables de faire le lien entre les architectes, les bureaux d’étude et les artisans, les trois grandes professions impliquées. Nous devons mieux intégrer les savoir-faire pour bien accompagner les projets », observe Damien Lambert, président du bureau d’études Amoes, créé en 2007.

Si pour le neuf et les bâtiments publics, l’intervention d’un maître d’œuvre est habituelle, elle n’est pas du tout évidente pour l’ancien, où la moyenne des travaux oscille entre 15 000 et 30 000 euros. Pour les chantiers résidentiels, le rôle des artisans est crucial. Mais beaucoup n’ont pas encore le réflexe de « vendre » la performance énergétique à leurs clients ou ne sont pas assez encore formés dans ce nouveau domaine.

Sur le plan technique, les contraintes sur l’ancien sont fortes. « Pas question de faire une isolation extérieure sur un immeuble haussmannien ou d’installer des panneaux photovoltaïques sur les toits de Paris », résume Frédéric Utzmann, directeur du département External venturing de Saint-Gobain, qui assure l’interface entre le groupe et les start-up. Les solutions existent, mais sont chères à développer. « Il faut souvent les développer sur des niches avant de les adapter à une production de masse, moins coûteuse », poursuit Frédéric Utzmann.

Le coût reste bien l’un des principaux obstacles à la révolution verte. « 66% des immeubles parisiens sont des copropriétés : il n’est pas facile de faire voter des travaux de rénovation thermique, dont la rentabilité ne saute pas toujours aux yeux des propriétaires », note Catherine Barbé.

Les solutions passent par les aides publiques, comme le nouvel éco-prêt à taux zéro (d’un montant maximum de 30 000 euros) pour les travaux de rénovation thermique, mis en place récemment par le gouvernement.

La commande publique est aussi un formidable levier. « A Paris, elle représente 1,5 milliard d’euros par an. Et la ville a prévu d’investir 8,4 milliards d’euros durant la mandature, dont une partie profitera au bâtiment », rappelle Jean-Louis Missika, adjoint au Maire de Paris, chargé des universités, de la recherche et de l’innovation.

La capitale compte 170 000 logements sociaux, soit 16% du parc de logements et il est prévu de passer à 20% d’ici à 2014, à la fin de la mandature actuelle. Sans compter les quelque 3 000 bâtiments publics. De quoi soutenir le marché du bâtiment vert en Ile-de-France.

La prochaine conférence d’Innov’Eco aura lieu le 2 juin, à la Cité de l’architecture et du patrimoine, sur le thème « L’éco-mobilité en Ile-de-France : les solutions ».


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