L’Autriche met le carbone aux enchères

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bluenext1Après la Grande-Bretagne, l’Autriche est le deuxième pays à mettre ses quotas de CO2 aux enchères. L’analyse de cette expérience par Claire Dufour, chef de produit chez BlueNext SA, la bourse de l’environnement.

GreenUnivers : L’Autriche a organisé, le 16 mars, ses premières enchères pour l’allocation de quotas de CO2. Quel était le cadre de l’opération ?

L’Autriche a décidé de mettre aux enchères 400 000 tonnes de CO2 par an, en moyenne, dans le cadre de la phase deux (période 2008-2012) du système européen d’allocation de quotas, comme le règlement l’autorise. Cela représente 1,3% de son allocation annuelle, qui est de 30 millions de tonnes de CO2. Elle est donc loin de seuil maximum de 10% de quotas payants autorisés par l’Union européenne. L’Autriche arrive au seizième rang européen en termes d’allocation de quotas. Avec la Grande-Bretagne, elle est pour l’instant le seul pays à avoir organisé des enchères.

GU : Pourquoi cette vente aux enchères ?

L’opération permet à l’état autrichien de récupérer de l’argent grâce à cette opération. Et c’est aussi une expérimentation : à partir de 2013, dans le cadre de la phase 3, une plus grande part de quotas sera obligatoirement mise aux enchères. Autant préparer les acteurs le plus tôt possible.

GU : Comment s’est déroulée la vente ?

Les enchères ont eu lieu sur une matinée, via la plate-forme Climex, sélectionnée sur appel d’offres. Il y a d’abord eu une mise aux enchères pour les acteurs dits « non compétitifs », les petits acteurs qui pouvaient demander une quantité mais sans prix. Seule contrainte : ces entreprises ou intermédiaires devaient avoir un compte sur l’un des registres européens d’allocation de quotas. Ce qui veut dire qu’une entreprise allemande ou française pouvait participer. Les participants pouvaient demander au plus 2 500 tonnes de CO2 par lots de 50. Ensuite s’est déroulée une seconde vente ouverte aux acteurs dits « compétitifs », ceux qui sont membres de la plate-forme Climex, soit environ 131 entreprises, institutions financières…

GU : Quel bilan peut-on dresser ?

Pour les acteurs non compétitifs, 100 000 tonnes de CO2 étaient proposées, seules 5 050 ont été vendues. On peut supposer que la cible n’a peut-être pas suffisamment entendu parler de cette première opération  de mise aux enchères. En revanche, pour les acteurs compétitifs, 200 000 tonnes étaient proposées, et les acteurs ont demandé 1,6 million de tonnes ! L’offre a donc été sursouscrite huit fois. C’est donc globalement un succès, mais on voit bien que les gros acteurs sont les mieux informés et donc les plus actifs. Pour les autres, le travail de pédagogie reste nécessaire. Le prix de vente a été déterminé lors de l’enchère « non compétitive » : 11,65 euros, environ 2% de moins que le cours du carbone sur BlueNext Spot au même moment.

Point conjoncture sur le marché du carbone (cliquer sur le graphique pour l’agrandir) :

bluenext16mars

Le prix de la tonne de CO2 sur le marché spot remonte, il est repassé depuis quelques jours au-dessus de la barre des 12 euros. Ce mouvement peut être lié à une reprise des cours du pétrole et aux dernières opérations de conformité pour la première année de la deuxième phase (2008). Aujourd’hui, les industriels sont en plein audit de leurs émissions de CO2 pour 2008. Ils ont jusqu’à fin avril pour se mettre en conformité, c’est à dire acheter des quotas de CO2 supplémentaires si leurs émissions ont été trop importantes.

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