Les énergies renouvelables moins attractives à court terme

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Au troisième trimestre 2008, l’Allemagne a rejoint les Etats-Unis en tête du baromètre des pays les plus attractifs pour les investissements dans les énergies renouvelables d’Ernst & Young.

Mais pour la première fois depuis les cinq ans que ce baromètre existe, l’attractivité à diminué dans les 20 pays examinés. En cause, bien entendu, les conséquences de la crise financière et économique.

La première place ex-aequo conquise par l’Allemagne est ainsi surtout due à un recul des Etats-Unis, qui subissent de plein fouet l’impact de la récession. L’accès au crédit y a fortement diminué et même si les avantages fiscaux accordés aux énergies renouvelables ont été renouvelés, les crédits d’impôt qui existent pour les entreprises travaillant avec les développeurs de projets d’énergies renouvelables ont du mal à trouver preneurs. L’industrie financière était en effet la principale consommatrice de ces dispositifs. Or, selon Ernst & Young, la moitié des institutions qui investissaient dans les renouvelables ces deux dernières années sont sorties du marché en raison de la crise.

L’Allemagne a donc profité de ce déclin américain. Sa résilience est plus forte car elle bénéficie de tarifs d’achat de longue durée attractifs pour les investisseurs. Le gouvernement a par ailleurs annoncé un gros projet visant à installer 33 fermes éoliennes offshore afin d’atteindre l’objectif de 25 GW d’éolien en 2030. Mais selon Ernst & Young, ce vaste chantier pourrait prendre du retard en raison des difficultés à mobiliser des financements.

La Chine a ravi la troisième place de l’indice général des renouvelables à l’Inde, qui arrive en quatrième position. Les deux pays ont adopté des réglementations très favorables aux énergies renouvelables, notamment pour l’éolien, qui attirent les investisseurs.

L’Espagne arrive en cinquième position, elle est particulièrement attractive pour l’éolien offshore et le solaire (voir tableau). Juste derrière arrive le Royaume-Uni, qui bénéficie certes d’annonces favorables du gouvernement Brown mais qui souffre de la dépréciation de la livre sterling face à l’euro. Les projets en cours ont en effet besoin de technologies importées d’Europe, ce qui va faire grimper les coûts de fabrication. La France arrive au huitième rang, gagnant une place par rapport à la précédente édition du baromètre.

D’une manière générale, Ernst & Young s’attend à une vague de reports – voire d’annulations de projets – un peu partout dans le monde. Outre l’impact de la crise, la chute du prix du pétrole rend la situation plus délicate pour les énergies renouvelables, comme le constatent d’autres experts. Reste à savoir si la baisse du prix des matières premières, comme l’acier ou le cuivre, permettra de compenser. Déjà, le prix des turbines éoliennes a commencé à baisser.

Dans ce contexte, les annonces de Barack Obama sont très attendues. Il vient de réaffirmer son engagement en faveur des technologies propres mais sans donner le budget qu’il envisageait d’y consacrer dans le cadre de son plan de relance.

Si à court terme, la situation est délicate, Ernst & Young continue à penser que les perspectives à moyen et long termes sont favorables et que l’économie de l’après-crise sera essentiellement focalisée sur son impact carbone. Ce qui pourrait profiter à des technologies un peu délaissées ces dernières années, comme la géothermie ou les concentrateurs solaires, mais très efficaces en termes d’émissions de CO2 évitées.

Dans les prochains mois, les investissements devraient se faire avec plus de partenariats et de joint-ventures pour limiter la prise de risques. Des alliances entre fonds d’investissement, industriels et fonds souverains pourraient se développer.

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