Quel impact pour les greentech en cas de récession ?

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Une récession ralentirait l’essor d’une partie des sociétés du secteur des greentech en 2009, mais elles devraient aussi être les premières à redémarrer, dès 2010, selon les experts.

Gourmandes en capitaux, les greentech ont jusqu’ici bénéficié d’une avalanche d’investissements un peu partout dans le monde, fournis notamment par les VC (Venture capitalists, en français fonds de capital-risque), ces fonds amateurs de risques qui réunissent eux-mêmes des capitaux pour les miser sur des sociétés émergentes.

Les greentech ont aussi reçu des fonds des banques, des fonds de pensions, des fonds d’investissement classiques ou spéculatifs, des Etats ainsi que des fonds souverains du Golfe et d’Asie.

Au 3ème trimestre 2008, le secteur n’a pas connu la crise : 2,6 milliards de dollars ont été investis dans les greentech dans le monde, dans 158 entreprises en Amérique du nord, Europe et Asie (dont 1,1 milliard dans des sociétés californiennes, et 1,5 milliard dans le solaire), selon le Cleantech Group, soit un bond de 37% en un an, après quatre trimestres consécutifs tout aussi brillants.

Une récession risque de ralentir cette manne, une crainte qui a déjà fait s’effondrer les valeurs des greentech en Bourse aussi bien que les autres, mais mais l’impact ne toucherait pas toutes les sociétés du secteur, et pas pour très longtemps, car il y a de l’argent à flot, selon l’analyse de Todd Kimmel, un venture-capitalist qui a aussi fondé la société d’éthanol cellulosique Coskata. Et à long terme, pour les investisseurs, les greentech restent une valeur durable. Comme le résume Nicolas Chaudron, il y a plus d’argent à investir que de cibles valables.

Selon Todd Kimmel, qui table sur un redémarrage économique en 2010, les sociétés déjà bien capitalisées résisteront à la tempête. Quant aux plus petites, à peine en train de se créer, elles attendront peut-être un an de plus avant de trouver des fonds mais elles doivent d’ores et déjà se préparer pour le rebond de 2010.

De même, les experts n’ont guère d’inquiétude pour les projets les plus ambitieux déjà en cours, comme les méga-centrales solaires des sociétés BrightSource (solaire thermique) et du tandem SunPower-Optisolar(photovoltaïque) en Californie pour PG&E (Pacific Gas and Electric), le réseau électrique californien, qui selon la législation californienne devra tirer 20% de son énergie de sources renouvelables d’ici fin 2010. 

En revanche, les sociétés fragiles sont celles qui ont commencé à réunir des fonds mais en nécessitent davantage pour passer du stade du projet pilote à l’échelon commercial, et ont encore une exploitation et une trésorerie déficitaires. Pour elles, l’année 2009 sera difficile, et pour certaines fatale.

Preuve de l’inquiétude, voire de la peur qui règne globalement chez les plus éminents VC, cette présentation éloquente du fonds Sequoia sur l’ampleur de la crise,  qui a fuité sur le site spécialisé VentureBeat.

“La croissance du secteur (greentech) ralentira” l’an prochain, a commenté Christopher Stolarski, vice président de la Mizuho Corporate Bank, un gros financeur de projets éoliens dans le monde, sur le blog environnement du Wall Street Journal. “Les quelques investisseurs qui veulent encore soutenir un projet ne choisiront que les archi-propres, par exemple ceux qui ont déjà un contrat de fourniture d’électricté avec un réseau distributeur”, a ajouté Jack Cargas, ex directeur exécutif de Bank of America.

 Mais si les projets éoliens semblent les plus vulnérables, et risquent d’ête freinés au 1e semestre 2009, ils devraient aussi être les premiers à redémarrer, selon Ed Feo, co-président du cabinet juridique Milbank, Tweed, Hadley & McCloy’s Global Power.

Les VC ont en fait davantage d’argent que de cibles — les VC américains notamment ont levé plus de 85 milliards de dollars depuis 2006, avec une année 2008 spectaculaire, selon la fédération professionnelle NVCA — et de toute façon les fonds souverains d’Asie ou surtout ceux du Golfe, richissimes grâce à la manne pétrolière, pourraient bien assurer le relais, comme Dubaï ou Abu Dhabi avec son projet Masdar.

En revanche, les introductions en Bourse semblent pour l’instant improbables — d’ailleurs  l’allemand Schott Solar vient de renoncer à son entrée, dont il espérait retirer plus de 600 millions d’euros — , du moins aux Etats-Unis, car certaines pourraient réussir en Europe ou à Hong Kong.

La principale menace pour le nouvelles énergies est probablement la baisse du prix du pétrole, tombé sous les 80 dollars la semaine dernière, ce qui réduit l’attrait des voitures électriqueset des carburants alternatifs. Mais le brut est reparti avec le rebond des marchés lundi et les experts s’attendent à une remontée de son prix à moyen terme.

Dans les autres domaines, la “construction verte” risque évidemment de pâtir d’une panne du marché immobilier en Europe et aux Etats-Unis, mais en revanche le marché du carbone, soutenu par les obligations réglementaires, est resté en hausse au milieu de l’effondrement des Bourses mondiales, et le secteur des compteurs intelligents va bénéficier d’obligations réglementaires en Amérique et en Europe.

Autre moteur, les subventions des Etats restent solides: les Etats-Unis viennent de renouveler les aides au solaires pour 8 ans, ainsi qu’aux autres secteurs “green”, la France débloque des fonds pour soutenir les voitures électriques et l’Espagne a également reconduit un généreux programme de subventions aux énergies renouvelables.

Dernier atout pour le secteur des greentech, et non des moindres, une possible élection à la présidence des Etats-Unis de Barack Obama, un fervent partisan des greentech, qui a promis d’importantes aides financières au secteur.

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