Le Brésil, roi des investissements dans les biocarburants

Print Friendly, PDF & Email
Le Brésil est devenu le pays le plus attractif dans le monde pour les investissements dans les biocarburants, selon l’indicateur d’attractivité des biocarburants pour les 1er et 2e trimestres 2008 du cabinet conseil Ernst & Young. Il dépasse pour la première fois les Etats-Unis.

Le Brésil a gagné en attractivité grâce à l’introduction, le 1er juillet dernier, du B3 (97% de carburant conventionnel, 3% de biodiesel), qui a fait passer la demande intérieure annuelle de biodiesel de 800 millions de litres à 1,2 milliard. Le programme de développement de ce biocarburant prévoit d’autres étapes, avec un mélange à hauteur de 5% prévu en 2013, comme le souligne une récente note d’Ubifrance. 
 

 
L’attractivité du Brésil est également renforcée par sa capacité d’exportation, notamment à destination de l’Inde, qui représente un marché de plus en plus important pour les biocarburants. « Le Brésil a pris le virage des biocarburants très tôt, au milieu des années 70. Dès 2005, 15% de la consommation globale de carburants dans le pays était à base de biocarburants, quand la plupart des marchés sont à moins de 1,5% », commente Alexis Gazzo, du département environnement et développement durable d’Ernst & Young France. 

 
Le Brésil échappe à la polémique sur les biocarburants car il produit surtout de l’éthanol à base de canne à sucre, dont l’impact sur les marchés alimentaires est beaucoup moins fort que l’éthanol issu du maïs ou du blé. Le soutien public est fort : le gouvernement a annoncé récemment un plan doté de 5 milliards de dollars pour les quatre prochaines années pour faire du pays le plus gros producteur mondial d’éthanol. Aujourd’hui, selon la FAO (Organisation des nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), les Etats-Unis sont le premier producteur mondial d’éthanol (27 milliards de litres en 2007), devant le Brésil (19 milliards de litres). Le marché mondial étant de 52 milliards de litres produits en 2007, trois fois plus qu’en 2000.

 
Les Etats-Unis régressent de la première à la deuxième position du classement. En cause, deux éléments : le resserrement du crédit et les résultats décevants des entreprises du secteur. L’impact des critiques très vives d’organismes comme la Banque mondiale ou le FAO, refroidissent également les ardeurs des investisseurs et ont provoqué le gel de certains projets. Aujourd’hui, les Etats-Unis, comme l’Europe, regardent essentiellement vers les biocarburants de seconde génération, issus de la biomasse lignocellulosique. Plusieurs sociétés américaines investissent également sur la recherche de biocarburants issus des algues. Mais les biocarburants de seconde génération ne sont pas encore arrivés au stade de commercialisation.
 
La France occupe la troisième place de l’indice général d’attractivité : elle profite du recul de l’Allemagne, qui a abandonné, au printemps dernier, son projet de développement du biocarburant E10 (un mélange avec 10% d’éthanol). La consommation d’éthanol devrait atteindre 900 millions de litres en France en 2008, soit un bond de 60% par rapport à 2007, selon Ernst & Young. Le projet de loi de Finances 2009 prévoit cependant une baisse progressive des exonérations fiscales sur les biocarburants, jusqu’à une extinction totale en 2012, qui pourrait avoir un impact sur la filière.
 
Accéder à l’intégralié du rapport d’Ernst & Young ici (en anglais).

(Photo : FAO)

Article précédentLes business angels timides dans les cleantech au 1er semestre 2008 (Premium)
Article suivantUn créateur d’entreprise sur deux intègre le développement durable