CO2 : le coût caché du charbon chinois

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La Chine, devenue premier émetteur de CO2 de la planète à cause de sa dépendance au charbon, dont elle est le premier producteur et le premier consommateur, subit  d’énormes coûts cachés liés à la pollution du charbon. Alors que ses émissions de gaz à effet de serre , d’environ 1,8 milliard de tonnes de C02 en 2007, risquent de doubler d’ici 2030.

Selon un rapport commandé par GreenPeace, le WWF et The Energy Foundation à des économistes chinois, l’utilisation du charbon a coûté en 2007 au pays 1.700 milliards de yuans (200 milliards d’euros environ), soit pas moins de 7,1% de son PIB.

Ce rapport, baptisé The True Cost of Coal (Le Vrai Coût du charbon), compile les coûts liés à la pollution de l’air et de l’eau, à la dégradation des terres agricoles, aux dégâts faits aux bâtiments, aux déchets, à l’érosion des sols, ainsi qu’aux maladies et décès. La Chine tire 70% de son énergie du charbon, qui est responsable de 80% de ses émissions de gaz à effet de serre, évaluées à 1,8 milliard de tonnes en 2007.

Par exemple, souligne le rapport, pour chaque tonne de charbon produite, 2,5 tonnes d’eau sont polluées, d’où une raréfaction des ressources en eau : dans les 96 plus grosses mines de charbon, 76% manquent d’eau. Les eaux usées rejetées par le lavage du charbon représentent 25% des eaux usées de tout le pays, et charrient de grosses quantités de métaux toxiques.

Déjà les mineurs chinois paient un lourd tribut au charbon : on compte en moyenne 23 mineurs tués par jour dans des incendies, inondations, ou autres catastrophes.

Conclusion de GreenPeace : la Chine doit réintégrer ces coûts dans son calcul du prix du charbon, par un système de taxe progressive, ce qui permettrait aux énergies renouvelables d’accroître leur compétitivité.

L’été dernier, Pékin a relevé le prix du charbon de 840 à 860 yuans ($123 à $125) la tonne mais si les coûts environnementaux étaient intégrés, il faudrait les relever de 23%, selon le rapport, ce qui réduirait la croissance chinoise de moins de 1 point.

Un résumé du rapport Greenpeace-WWF est ici et la version intégrale ici

Cette étude met en lumière les émissions de CO2 de la Chine, mais d’autres pays émergents accroissent, eux aussi, leurs émissions à grande vitesse, à tel point que depuis 2005 la majorité des émissions provient de ces pays.

Il s’agit essentiellement de l’Asie, en tête la Chine mais aussi l’Inde, les numéro 1 et (futur) numéro 3 du palmarès des plus gros émetteurs mondiaux de CO2, selon le Centre d’information et d’analyse sur le CO2 mis en place par le gouvernement américain.

Le basculement des émissions vers l’Asie a eu lieu en 2005.

Globalement, les émissions annuelles mondiales de CO2 (centrales d’énergie et fabriques de ciment) ont augmenté de 38% entre 1992 et 2007, passant de 6,1 milliards de tonnes en 1992 à 8,5 milliards en 2007.

Mais les 38 pays signataires du Protocole de Kyoto (en incluant les Etats-Unis qui ont annoncé leur intention de le signer, même s’ils ne l’ont pas encore fait), qui sont essentiellement les pays développés (Europe, Russie, Australie, Japon…), ont depuis ralenti leurs émissions, alors que les pays émergents (non-signataires) les ont accélérées, note le Centre de recherche américain Oak Ridge National Laboratory, l’un des auteurs de l’étude.

En 1992, les Etats-Unis étaient le plus gros émetteur, suivi dans l’ordre par la Chine, la Russie et l’Inde. Mais les experts estiment que l’Inde a dépassé le Japon en 2002, la Chine est devenue premier émetteur en 2006 et l’Inde devrait dépasser la Russie comme troisième émetteur probablement dès cette année, selon Gregg Marland, du laboratoire d’Oak Ridge.

En 1992, les 38 signataires représentaient 62% des émissions de CO2 de la planète, en 1997, date de l’adoption du Protocole de Kyoto, leur part avait été ramenée à 57%, en 2005, quand Kyoto est entré en vigueur, leur part s’élevait à moins de la moitié (49,7%) et en 2007 elle est tombée à 47%.

Gregg Marland souligne aussi que ces estimations sont incertaines, en particulier pour la Chine où il suppose une marge d’erreur de 20%.

Et ces calculs sont encore assombris par des estimations extrêmement inquiétantes sur les émissions de CO2 de la Chine à l’avenir: selon l’Académie chinoise des Sciences, les émissions de gaz  effet de serre de la Chine pourraient doubler d’ici 2030 et atteindre 3,1 à 4 milliards de tonnes par an.

La Chine représenterait alors près de la moitié des émissions mondiales de 2007. Encore cette estimation n’inclut-elle que les émissions chinoises liées à la combustion d’énergies fossiles, charbon en tête, et non celles liées à l’agriculture,qui pourraient pourtant représenter un tiers des émissions du pays.

Les émissions chinoises ont augmenté de 8% en 2007 et le pays a représenté plus de la moitié de l’accroissement des émissions mondiales en 2007 selon le Global Carbon Project.

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