Dans les “Obama stocks”, le solaire joue gagnant

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Quelles actions monteront ou plongeront si Obama gagne ? Et si c’est McCain ? Les analystes américains spéculent sur les entreprises qui bénéficieront de la victoire de l’un ou l’autre camp, et côté “Obama stocks” (valeurs Obama), tous sont d’accord : les énergies renouvelables, solaire en tête, profiteront du plan de 150 milliards de dollars en faveur des greentech promis par le sénateur de l’Illinois, et qui selon les médias, créera une « ruée verte » sur le secteur. Et comme pour leur donner raison d’avance, investissements, levées de fonds et deals se multiplient dans le solaire malgré la crise.

Steven Halpern, patron du site TheStockAdvisors.com, a compilé les palmarès.

Martin Hutchinson, du site The Money Map Reporter, parie sur First Solar, le premier installateur de panneaux solaire du pays. D’autres, comme Roger Conrad, directeur du site The Utility Forecaster, misent sur SunPower, autre gros fabricant et installateur de panneaux solaires qui est en train d’installer d’énormes sites de production, dont l’un destiné à fournir le distributeur d’électricité californien Pacific G&E. SunPower, dont les panneaux solaires sont parmi les plus efficaces du pays avec un taux de rentabilité (taux de transformation de l’énergie solaire en électricité) de 22%, vient aussi de remporter un contrat avec le distributeur d’électricité de Floride FPL pour construire la plus grande centrale solaire américaine, une centrale de 25 MW à DeSoto County, en Floride.

« Obama veut à la fois réduire la dépendance énergétique des Etats-Unis et réduire les émissions de carbone », rappelle Roger Conrad, alors qu’une douzaine d’Etat américains, dont la Californie, comptent parvenir à un taux de 20% d’énergies renouvelables. Et contrairement aux particuliers et aux PME, les grands distributeurs d’électricité résistent bien à la récession et peuvent passer d’énormes contrats de panneaux solaires, fait-il remarquer.

« Une administration Obama aidera activement les énergies alternatives et poussera les compagnies pétrolières à les financer via de lourdes pénalités fiscales, renchérit Elliott Gue du site The Energy Strategist. Le plan énergie d’Obama prévoit de parvenir à 10% d’électricité générée par des énergies renouvelables d’ici 2012 et 25% pour 2025. Ce qui est très ambitieux quand on sait qu’actuellement seuls 3% de l’électricité américaine provient d’énergies renouvelables hors hydro-électricité ».

Même sentiment chez  Paul Tracy, éditeur du site The Street Authority Market Advisor, pour qui une victoire d’Obama « aurait plus de poids pour les énergies renouvelables que n’importe quelle autre facteur » et qui conseille d’acheter le panier d’actions Market Vectors Global Alternative Energy. « Car outre l’objectif de parvenir à 25% d’énergies renouvelables d’ici 2025 pour l’électricité du pays, le plan d’Obama “New Energy for America” prévoit aussi de mettre sur les routes 1 million de voitures électriques hybrides d’ici 2015, de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80% d’ici 2050. Cela signifiera évidemment des milliards de dollars pour les entreprises de ces secteurs encore fragiles », explique-t-il.

Plutôt que de choisir telle ou telle valeur, mieux vaut selon lui acheter les titres de certains ETF (fonds indexés sur un indice) qui permettent de suivre largement le secteur, notamment Market Vectors Global Alternative Energy, qui réunit des titres dans les turbines hydro électriques, les panneaux solaires, les carburants alternatifs comme l’éthanol et les piles à combustibles, avec des choix très internationaux (70% de valeurs non-américaines), ce qui reflète le retard des Etats-Unis face à certains pays d’Europe et d’Asie.

Quant à Vivian Lewis, du site Global Investing, elle recommande l’action du groupe brésilien Cosan, l’un des premiers producteurs mondiaux de sucre et d’éthanol à base de sucre, qui profitera selon elle de l’augmentation de l’utilisation des carburants alternatifs aux Etats-Unis pour réduire leur dépendance aux importations de pétrole, l’un des chevaux de bataille d’Obama, ainsi que de la hausse de la demande mondiale de sucre.

Si les cleantech figurant en tête des « Obama stocks », elles ne sont pas les seules : d’autres actions devraient profiter d’une victoire du candidat démocrate, comme le fabricant indien de médicaments génériques Dr. Reddy’s Laboratories ou le distributeur de produits pharmaceutiques Cardinal Health, grâce à la couverture maladie universelle promise par le candidat démocrate ou encore des marques comme Apple, Microsoft et American Eagle Outfitters, qui bénéficieraient d’un regain d’optimisme des consommateurs américains et de choix fiscaux favorables aux classes moyennes.

Autre choix, les grands groupes de BTP et d’infrastructures car Barack Obama a dit vouloir consacrer des fonds important à la rénovation de routes, ponts, réseaux d’eau et d’électricité, dont une grande partie est vétuste comme en témoignent plusieurs graves accidents récents (ponts écroulés notamment) : les investisseurs citent le panier de valeurs industrielles Industrial Select Sector SPDR ou encore le groupe texan Fluor et la banque de financement des infrastructures Ingersoll Rand.

Autre valeur “obamesque”, AeroVironment, un fabricant de drônes (engins volants sans pilotes) selon  Gregg Early, du site The Real Nanotech Investor. Non seulement les drones sont devenus la coqueluche de l’armée américaine, mais surtout Aero Vironment se développe aussi dans les éoliennes incluses dans l’architecture pour les immeubles urbains, les systèmes de recharges pour véhicules électriques et les pompes actionnées par l’énergie solaire dans les zones rurales.

Et pour un analyste, Obama est si médiatique et générera tellement de retombées médias qu’il fera même monter les actions de groupes médias comme Time Warner…

En revanche, dans les “actions McCain” ne figure aucune société du secteur des greentech, mais plutôt celles de l’armement, comme Northrop Grumman, ou du nucléaire.

Il est vrai que les deux candidiats s’affrontent sur ce sujet, McCain promettant lui aussi de réduire les émissions de CO2, mais moins (de 66% en 2050 contre 80% pour Obama) et s’étant parallèlement rallié aux partisans du forage pétrolier partout où il est possible (Drill! Drill! Drill!) tandis que sa colistière Sarah Palin l’a plombé sur ce terrain en estimant récemment que le réchauffement climatique n’est pas lié à l’activité humaine.

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