Une Bourse du carbone obligatoire aux Etats-Unis, une première (suite)

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Les toutes premières enchères obligatoires de carbone organisées aux Etats-Unis par 10 Etats du nord-est, initiative baptisée RGGI (et surnommée Reggie),  dont nous avons parlé la semaine dernière, sont restées timides : elles ont rapporté 38,5 millions de dollars aux Etats participants (qui vendaient les permis) via la mise aux enchères de 12,57 millions de permis (1 permis = droit d’émettre une tonne de CO2) qui se sont vendus 3,07 dollars pièce, plus que le prix initial mais dix fois moins qu’en Europe.

Le système dit “cap and trade” (plafond et échange de droits à pollluer) est le suivant : les Etats participants fixeront à partir de 2009 un plafond d’émissions de CO2. Les  entreprises qui dépasseront leur quota devront acquérir des permis d’émissions supplémentaires, tandis que celles qui seront en-deça pourront revendre ces droits. Et chaque année, le plafond sera diminué. Plus le coût des permis sera élevé, plus les compagnies d’énergie et autres entreprises grosses émettrices seront incitées à opter pour des technologies propres.

Dans le cas présent, les dix Etats participants ont fixé un plafond maximal d’émissions de carbone de 188 millions de tonnes par an pour la période 2009-2014 — une montant en fait supérieur de 4% à la moyenne des émissions de la période 2000-2004. Ensuite, ils comptent réduire ce plafond de 2,5% par an entre 2015 et 2018, et parvenir à diminuer de 10% les émissions par rapport à leur niveau de 2009.

Les enchères organisées mardi permettaient aux compagnies d’énergie et autres de commencer à stocker ces permis. Le prix atteint lors des enchères était supérieur au prix de départ, qui était de 1,86 dollar la tonne, un signe de l’intérêt des entreprises, qui demandaient 50 millions de permis. Mais ce prix est inférieur aux 4 dollars attendus par des analystes et très loin des 37 dollars la tonne atteint en Europe actuellement.

Un groupe d’Etats de l’ouest américain, dont la Californie, avec plusieurs provinces canadiennes, planchent eux aussi sur un projet régional de Bourse du carbone, dans l’attente d’une initiative fédérale jusqu’ici enterrée par l’administration Bush. Baptisé Western Climate Initiative, ce projet veut mettre aux enchères 10% des permis en 2012 et 25% d’ici 2020.

La multiplication des programmes d’échange des droits d’émissions a poussé les Bourses américaines a vendre des contrats futurs, comme le font déjà le NYMEX (New York Mercantile Exchange) et le Chicago Climate Futures Exchange.

Les prochaines enchères du RGGI sont prévues le 17 décembre, puis auront lieu tous les trimestres entre 2009 et 2011.

Un marché du carbone existe déjà en Europe, où les échanges se sont envolés cet été et restent dopés par l’arrivée d’acteurs financiers. Le RGGI avait déjà démarré sur le marché de Chicago, mais sur une base volontaire. Et pour certains analystes, on pourrait assister bientôt à une envolée des prix — à 100 dollars la tonne –  qui pourrait révolutionner le marché de l’énergie.  

En Europe, les permis sont pour l’instant donnés gratuitement aux entreprises, mais l’UE pourrait commencer à les vendre aux enchères dès 2013.

 

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