Pourquoi et comment les entreprises se convertissent à l’économie circulaire ?

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institut-economie-circulaireDans le cadre des premières Assises nationales de l’économie circulaire qui se tiennent aujourd’hui, l’Institut de l’économie circulaire (ICE) rend publique une note intermédiaire portant sur les pratiques des entreprises. Celle-ci rend compte d’une étude réalisée notamment à partir d’une trentaine d’interviews individuelles menées avec des responsables d’entreprises depuis l’automne 2013. L’enquête, qui s’achèvera cet été, donnera lieu à une publication plus complète.

Mais cette première note met en évidence les motivations, obstacles et leviers qui poussent, freinent ou peuvent aider les entreprises à passer à cette économie circulaire. Eco-conception, écologie industrielle, économie de fonctionnalité, l’adoption de l’économie circulaire peut prendre diverses formes, dans lesquelles le réemploi, la réparation, la réutilisation et le recyclage jouent un rôle essentiel.

Se protéger d’une énergie et de matières premières  chères et volatiles  

C’est souvent pour faire face à une énergie de plus en plus chère et des matières premières toujours plus rares et aux cours de plus en plus volatils que les entreprises ont commencé à se soucier d’économie circulaire. Que ce soit, comme Lafarge, en trouvant des alternatives aux combustibles fossiles de ses cimenteries, ou, comme Eurovia, en développant des méthodes de recyclage pour être moins dépendant d’un approvisionnement en granulats complexe.

La réglementation a également joué un rôle, notamment les directives européennes sur la responsabilité élargie du producteur (REP), le rendant responsable de ses produits jusqu’à leur fin de vie, qui ont conduit à la création de filières et motivé des démarches d’éco-conception. Casino, Coca-Cola, Picard pour les emballages, PSA pour les véhicules hors d’usage, Neopost ou Bouygues Telecom pour leurs déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) sont dans ce cas.

Transformer la contrainte en opportunité via une offre commerciale innovante

Aux économies générées par une moindre utilisation de matière ou d’énergie s’ajoutent parfois les bénéfices nés d’une offre commerciale innovante. Les fabricants de revêtement de sols (Interface ou Desso), dont les actions vont du recyclage de leurs produits jusqu’à la commercialisation du service de revêtement de sol (économie de fonctionnalité), font partie de ces entreprises qui ont su transformer une contrainte en opportunité. Même objectif pour Nexity et son programme « Blue Office » proposant la location de bureaux sur un principe d’abonnement synonyme de plus grande flexibilité.

Une offre française de matière recyclée insuffisante

Mais en dépit de ces motivations, les entreprises sont souvent confrontées à des freins tout aussi puissants.

Sur le plan financier, d’abord. Outre des investissements potentiellement significatifs dans de nouveaux outils de production ou de recyclage, la R&D ou des changements de process, dont les temps de retour sur investissement sont incertains, on observe encore un rapport défavorable entre les caractéristiques techniques et le coût respectif des matières biosourcées ou recyclées comparées aux matières vierges. Ceci est notamment dû à la faiblesse de l’offre de matière recyclée tant en quantité qu’en qualité. La France, qui accuse par ailleurs un certain retard dans le recyclage et la valorisation de matériaux tels que les plastiques, ne peut garantir aux entreprises un gisement régulier et suffisant.

 Image et réglementation défavorables 

A ces données objectives s’ajoute une perception négative des matériaux recyclés, encore déconsidérés au sein même de l’entreprise (notamment des services marketing).

Sur le plan réglementaire, ni la nomenclature ni le statut des déchets ne favorisent les matières premières secondaires.

S’ajoute à cela un problème de confiance vis-à-vis de fournisseurs peu enclins à préciser la composition de leurs matériaux (le taux de produits recyclés étant considéré comme une information stratégique dans la mesure où il reflète la production et les ventes de l’entreprise). Des relations solides et de long terme avec les fournisseurs sont l’un des facteurs clés de succès pour de telles démarches.

Concernant l’écologie industrielle, la pratique des affaires en France, la réglementation en matière de concurrence, n’incitent guère au dialogue pourtant indispensable à la mise en place de flux de matière et d’énergie entre différents acteurs économiques.

Plus de synergies et d’exemples de démarches réussies

Face à ces freins, les entreprises interrogées par l’ICE suggèrent diverses mesures susceptibles, selon elles, d’accélérer la bascule vers une économie circulaire, synonyme pour de nombreux experts de création d’emplois et de richesses. Outre des critères intégrés aux appels d’offres, une évolution de la réglementation, un assouplissement du droit à l’expérimentation et un assouplissement du statut de déchet, elles prônent le renforcement des aides à l’investissement. Elles sont par ailleurs demandeuses de cadres favorisant de meilleures synergies entre elles, tels que des plateformes de projets aujourd’hui essentiellement proposées par les collectivités locales.

Surtout, elles sont en attente de plus d’études démontrant les atouts économiques du passage à l’économie circulaire et plus de « business cases » relayant des démarches couronnées de succès.

C’est d’ailleurs dans cet objectif que GreenUnivers organise le 2 juillet prochain une conférence dédiée aux business models de l’économie circulaire.

 

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