Solaire à concentration et hydrolien, futures stars des EnR (Capgemini)

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Quels seront les prochains blockbusters parmi les énergies renouvelables ? Dans son rapport « Cleantech tracker 2011-2012 », Capgemini Consulting mise sur le solaire thermodynamique, les énergies marines et la biomasse. Les explications d’Alain Chardon, directeur Cleantechs & Decarbonate de la société de conseil.

GreenUnivers : Parmi les énergies renouvelables les plus prometteuses pour les prochaines années, votre rapport identifie notamment le solaire thermodynamique à concentration (CSP). Cette technologie semble pourtant très concurrencée par le photovoltaïque, rendu plus compétitif par la chute du prix des panneaux. Quels atouts pourraient aider le CSP ?

AC : Le photovoltaïque est une technologie aujourd’hui bien établie, avec un marché qui croît de 50% par an ces dernières années et des surcapacités que l’on peut évaluer à 38% en 2011, ce qui fait chuter les prix. Mais nous pensons que le CSP reste totalement dans la course. Même si elle est aujourd’hui plus chère, c’est une technologie qui a des avantages importants par rapport au photovoltaïque, avec deux atouts clés : sa capacité de stockage et la possibilité de relayer le solaire avec une production de gaz. Dans un pays à fort ensoleillement comme le Maroc, le CSP devrait être aussi compétitif que le photovoltaïque à un horizon de 5 à 7 ans. Son prix se situe aujourd’hui dans une fourchette de 180-220€/MWh, mais d’ici à 2020, une baisse autour de 120 €/MWh est plausible.

GU : De grands groupes français se sont positionnés sur cette technologie, notamment Areva et Alstom. Est-ce que des PME peuvent espérer tirer leur épingle du jeu ?

AC : Le solaire à concentration est surtout une technologie dominée par les groupes allemands, comme le photovoltaïque il y a quelques années. Il y a des pépites sur tous les nouveaux marchés de l’énergie dont le CSP et des PME peuvent très bien prospérer sur des niches, par exemple dans la recherche sur les fluides caloporteurs qui se développe actuellement.

GU : Vous prévoyez aussi un développement important pour les énergies marines, et plus précisément pour l’hydrolien ?

AC : Ce marché est certes encore freiné par des problèmes de technologies et surtout par un coût pour l’instant beaucoup trop élevé mais il est en train de se structurer et son potentiel est très prometteur. Plusieurs technologies sont en concurrence, nous avons identifié sept gros porteurs de technologies dans le monde, dont l’irlandais OpenHydro, le norvégien Hammerfest Strøm… L’attrait du marché attire les grands industriels comme Siemens et DCNS, qui ont tous deux investi dans de jeunes sociétés, ou encore Alstom, qui affiche de grandes ambitions. Toutes les grandes utilities sont également présentes, dont EDF en France. Nous avons identifié une soixantaine de sites potentiels pour l’installation de turbines, dont 3 ou 4 en France. On peut estimer le potentiel en Europe  à 10 à 20 GW de capacités installées en 2025-2030.

GU : Quelle évolution anticipez-vous en termes de coût ?

AC : Pour l’instant, les acteurs travaillent sur des prototypes de l’ordre du MW avec un coût aux environs de 4 à 10 millions d’euros le MWh mais on arrivera bientôt dans une fourchette de 300 à 700 euros/MWh pour les pilotes et l’objectif est d’atteindre ensuite 150 à 250 euros/MWh. Certains envisagent  terme 40 à 60 euros/MWh, mais cela nous semble hypothétique pour une énergie mécanique. L’énergie des courants marins sera à terme compétitive avec l’éolien offshore avec un avantage de taille : elle est éminemment prévisible. Elle ne dépend pas de vents aléatoires mais seulement des horaires des marées, connus à l’avance. Les rendements théoriques seront assez élevés, jusqu’à  60-80% selon les technologies. Et si on répartit bien les installations le long des côtes, on peut même jouer sur les différences d’horaires des marées pour maximiser la production.

GU : Votre étude montre que ces énergies vont nécessiter un investissement important dans le smart grid. Comment mieux les raccorder au réseau ?

AC : Sans réseaux intelligents pour intégrer ces énergies intermittentes, leur développement restera en effet marginal. Le smart grid est un enjeu clé en Europe, et notamment en France où nous avons déjà une énergie nucléaire rigide en termes de production. Pour la conjuguer avec des énergies renouvelables intermittentes, il va falloir beaucoup de flexibilité avec une intégration meilleure au réseau, des systèmes de comptage plus efficients, des tarifs différenciés…  De grands acteurs se positionnent pour répondre à ce défi.

* : Rapport « Cleantech tracker 2011-2012 » (PDF), Troisième édition, Capgemini Consulting

 

 

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