Bataille de consortiums sur l’éolien offshore : revue des armadas

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[Article actualisé le 11 janvier avec l’entrée en jeu de CDC Infrastructure et le retrait d’E.ON]

Douze mois après l’annonce officielle du premier appel d’offres éolien offshore au large des côtes françaises, la compétition se termine ce mercredi, date limite de remise des offres. Aujourd’hui, quatre grands consortiums – trois si on tient compte des seuls investisseurs – ont officialisé leur positionnement. GreenUnivers dresse un tableau complet des forces en présence, de leurs atouts et faiblesses. Sans préjuger bien entendu de la qualité technique et industrielle comme des propositions de prix des dossiers remis par les candidats à la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

L’enjeu financier et industriel est énorme : cette première tranche d’éolien offshore français représente un investissement de 10 milliards d’euros pour développer une puissance de 3 GW – l’équivalent de trois tranches nucléaires environ – sur cinq zones à partir de 2015. Un second round de 3 GW devrait suivre au printemps pour parvenir à l’objectif de 6 GW en 2020 fixé par le Grenelle de l’environnement.

Les grands énergéticiens sont engagés dans la bataille : les français EDF EN et GDF Suez, mais aussi le danois Dong Energy, l’espagnol Iberdrola et le britannique RES. Longtemps annoncé au côté de GDF Suez, l’allemand E.ON ne s’engagera finalement pas dans cet appel d’offres. Les fabricants de turbines regardent aussi le marché avec appétit, d’autant que le volet industriel sera l’un des critères majeurs pour départager les concurrents : les français Alstom et Areva espèrent récupérer le gros des contrats, mais l’allemand Siemens est aussi sur les rangs.

Synthèse par consortiums

1 – GDF Suez, Vinci, CDC Infrastructure, Areva : trois zones visées

Chef de file : GDF Suez

Actionnaires : GDF Suez, Vinci et CDC Infrastructure (Caisse des Dépôts)  – répartition dans les sociétés de projets non communiquée.

Zones ciblées

  • Le Tréport (750 MW), avec les développements de La Compagnie du Vent (groupe GDF Suez) et son projet des Deux-Côtes.
  • Fécamp (500 MW), avec les développements de Maïa EolMer (actifs achetés par GDF Suez au groupe Maïa).
  • Courseulles-sur-Mer (500 MW), avec les développements de Maïa EolMer.

 

Fournisseur de turbines : Areva avec la M5000 (5 MW) et un projet industriel au Havre (Seine-Maritime)

Autres équipements : mâts, fondations et sous-stations pourraient se retrouver dans le giron de Vinci

Forces :

  • Le consortium est seul à répondre sur la zone du Tréport avec un projet développé depuis 2005 pour lequel le débat public a été effectué fin 2010.
  • Areva est un fournisseur expérimenté proposant une turbine déjà industrialisée en Allemagne, avec quelques références (Alpha Ventus notamment, carnet de commandes de 1 200 MW).
  • CDC Infrastructure, filiale de la Caisse des Dépôts, est un investisseur institutionnel de premier rang.

 

Faiblesses :

  • GDF Suez n’a pas encore construit un seul parc éolien offshore.
  • Le consortium pourrait souffrir d’être trop franco-français.

 

2 – GDF Suez, Vinci, CDC Infrastructure, Siemens : une zone ciblée

Chef de file : GDF Suez

Actionnaires : GDF Suez, Vinci et CDC Infrastructure (Caisse des Dépôts)  – répartition dans les sociétés de projets non communiquée.

Zone ciblée
  • Saint-Brieuc (500 M)

 

Fournisseur de turbines : Siemens, probablement avec sa turbine en développement de 6 MW qui devrait être produite au Royaume-Uni

Autres équipements : mâts, fondations et sous-stations pourraient se retrouver dans le giron de Vinci

Forces :

  • Siemens est le leader mondial des turbines éoliennes offshore, et apporte une dimension européenne au consortium.
  • CDC Infrastructure, filiale de la Caisse des Dépôts, est un investisseur institutionnel de premier rang.

 

Faiblesses :

  • Siemens ne produira pas les turbines sur le sol français, ce qui handicape le volet industriel du consortium.
  • GDF Suez n’a pas encore construit un seul parc éolien offshore.

 

3 – EDF EN, Dong Energy, Alstom : quatre zones visées

Chef de file : EDF Energies Nouvelles

Actionnaires : EDF EN (groupe EDF) et l’énergéticien danois Dong Energy (holding majoritaire – 70 % probablement) + un développeur tiers

Zones ciblées

  • Fécamp (500 MW) : en partenariat avec WPD Offshore
  • Courseulles-sur-Mer (500 MW) : en partenariat avec WPD Offshore
  • Saint-Brieuc (500 MW) : en partenariat avec Nass&Wind Offshore
  • Saint-Nazaire (750 MW) : en partenariat avec Nass&Wind Offshore

 

Fournisseur de turbines : Alstom, avec sa machine Haliade 150 (6 MW) en développement et un projet d’usines à Saint-Nazaire. Partenariat avec le danois LM Wind Power sur les pales pour un projet d’usine à Cherbourg.

Autres équipements : les fournisseurs pour les mâts (projet d’usine à Cherbourg avec un partenaire à préciser), fondations et sous-stations ne sont pas encore connus.

Forces :

  • Dong Energy est leader dans le développement et l’exploitation de fermes éoliennes en Europe et apporte son expérience
  • EDF EN développe déjà des parcs en mer en Belgique (C-Power) et au Royaume-Uni (Teesside).
  • EDF EN dispose des actifs éoliens offshore de Poweo EnR sur Courseulles-sur-Mer et Saint-Brieuc.

 

Faiblesse :

  • Alstom est nouvel entrant sur le marché, avec une turbine encore en développement.

 

4 – Iberdrola, Eole-Res, Technip, Neoen Marine, Areva : deux zones visées

Chef de file : Iberdrola

Actionnaires : Iberdrola (70 %) et Eole-Res, filiale du groupe britannique RES (30%)

Zones ciblées :

  • Saint-Brieuc (500 MW)
  • Saint-Nazaire (750 MW)

 

Fournisseur de turbines : Areva avec la M5000 (5 MW) et un projet industriel au Havre (Seine-Maritime)

Autres équipements : fondations et sous-stations (Technip), le fabricant des mâts n’est pas encore connu

Forces :

  • Areva est un fournisseur expérimenté proposant une turbine commerciale déjà industrialisée en Allemagne, avec quelques références (Alpha Ventus notamment, carnet de commandes de 1.200 MW).
  • Iberdrola dispose d’un portefeuille de plusieurs milliers de MW en développement, notamment au Royaume-Uni (Round 3)
  • Technip dispose d’un savoir-faire historique en mer, avec ses activités parapétrolières offshore.
  • Eole-Res bénéficie de l’appui de sa maison mère RES, déjà engagée dans l’offshore britannique par exemple (Round 3).
  • Neoen Marine, co-entreprise entre Neoen (80%) et la Caisse des dépôts (20%), vient renforcer les développements.

 

Faiblesse :

  • Le chef de file Iberdrola a une présence en France assez faible.

 

Synthèse par zones géographiques

1 – Le Tréport (Seine-Maritime, 750 MW)

  • GDF Suez (La Compagnie du Vent), Vinci, CDC Infrastructure et Areva

 

2 – Fécamp (Seine-Maritime, 500 MW)

  • EDF EN, Dong Energy, WPD Offshore et Alstom
  • GDF Suez (Maïa EolMer), Vinci, CDC Infrastructure et Areva

 

3 – Courseulles-sur-Mer (Calvados, 500 MW)

  • EDF EN, Dong Energy, WPD Offshore et Alstom
  • GDF Suez (Maïa EolMer), Vinci, CDC Infrastructure et Areva

 

4 – Saint-Brieuc (Côtes d’Armor, 500 MW)

  • EDF EN, Dong Energy, Nass&Wind Offshore et Alstom
  • Iberdrola, Eole-Res, Technip, Neoen Marine et Areva
  • GDF Suez, Vinci, CDC Infrastructure et Siemens

 

5 – Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, 750 MW)

  • EDF EN, Dong Energy, Nass&Wind Offshore et Alstom
  • Iberdrola, Eole-Res, Technip, Neoen Marine et Areva

 

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