La crise menace le 3×20 européen, aides aux EnR baissées en GB et en Espagne

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Longannet, qui devait accueillir le 1er site de CCS du Royaume-Uni

La crise de la dette va-t-elle finalement torpiller le 3×20 de l’Europe (20% d’énergies propres, réduction de 20% des émissions et de la consommation d’énergie), son vertueux exemple écologique aux yeux du monde ?

Ce n’est pas exclu, selon un scoop du Wall Street Journal qui cite un document de la Commission soulignant le risque pour l’Europe d’une action unilatérale en matière d’environnement, nuisible à sa compétitivité, et qui recommande à l’Europe de renoncer plutôt que d’agir seule. Le WSJ affirme donc que l’Europe commence à se poser sérieusement la question de revoir son plan de réduction des émissions si les autres pays ne suivent pas. Bien sûr, les négociations sur le climat du sommet de Durban en fin d’année sont elles aussi en jeu.

La crise pèse aussi sur les politiques des Etats qui révisent leurs aides aux renouvelables, faute d’argent.

Baisse drastique des aides éoliennes en Espagne

En Espagne, le ministère de l’Industrie vient d’annoncer, au grand désespoir du secteur, qu’il compte réduire de 40% les subventions aux parcs éoliens terrestres, de quoi provoquer un séisme chez les développeurs éoliens, qui prévoyaient d’investir en Espagne d’ici 2010 quelque 12,7 milliards d’euros.

Le décret en préparation menacerait, selon l’association espagnole de l’éolien (AEE), 69% des projets prévus.

Le projet impose des subventions variables qui non seulement représentent une diminution de 40% par rapport à l’existant mais en outre rendent impossible de les prévoir précisément. Selon l’AEE, d’ici à 2015 les seuls parcs pouvant être rentables au vu des nouveaux tarifs seraient ceux qui tourneraient plus de 2.800 heures par an, ce qui ne pourrait concerner que 500 MW de nouveaux parcs. En moyenne, les parcs espagnols tournent 2.100 heures. Les emplois seraient aussi bien moins importants que prévus.

Londres révise ses aides, abandon du 1er projet de CCS

D’autre part en Grande-Bretagne, le département de l’Energie vient de présenter une réforme des aides aux énergies renouvelables, qui va réduire les subventions pour le secteur de la biomasse et du biogaz, ainsi que l’éolien terrestre, et devrait aussi déboucher sur une très forte réduction du tarif solaire pour les toits solaires des particuliers, dont le haut niveau a provoqué une mini-ruée vers le solaire depuis 18 mois.

En revanche, le gouvernement britannique veut maintenir voire augmente les subventions pour l’énergie des vagues et l’éolien offshore. Le projet est soumis à débat jusqu’au 12 janvier 2012.

Londres vient aussi de renoncer au projet de capture et stockage du CO2 de Longannet, près du détroit de Fife. Le gouvernement britannique avait d’abord proposé de le financer intégralement puis l’an dernier a plafonné cette aide à 1 milliard de livres, or le site de Longannet coûterait 1,5 milliard de livres voire beaucoup plus

Le Japon aussi réexamine ses objectifs de réduction de 25% de ses émissions de CO2 d’ici 2020 car il craint de dépenser trop en crédits carbone, que le pays rachète à des pays comme l’Europe de l’Est et la Chine. Le Meti estime que  le Japon a déjà payé 800 mds de yens ($10,4 mds) pour racheter des crédits carbone à hauteur de 400 millions de tonnes.

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