Les créations d’emplois verts plombées par la filière solaire (étude)

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Pour la première fois depuis plus de deux ans, la France détruit des emplois verts, selon l’Observatoire de l’investissement du cabinet de veille Trendeo (*). 173 emplois ont été supprimés dans les secteurs du green business en mars dernier. L’étude note que si le nombre de suppressions est encore faible, “il s’inscrit dans une tendance de baisse régulière et continue depuis la mi-2009”. Une chute qui s’inscrit à contresens du mouvement général de l’économie, en phase de timide reprise.

En 2009, les filières vertes avaient en effet créé 7 240 emplois nets, selon l’Observatoire de l’investissement. En 2010, ce chiffre avait déjà chuté de 40% à 4 383 emplois créés.

Le solaire frappé de plein fouet

Les mauvais résultats de mars 2011 sont principalement dus à la filière solaire, qui était le premier moteur des créations d’emplois verts depuis 2009. Les annonces de fermetures de site et de licenciements ont été nombreuses depuis le moratoire imposé par le gouvernement en décembre dernier. ” Le temps de réaction aux décisions publiques est très rapide “, constate David Cousquer, gérant de Trendeo. Parmi les mauvaises nouvelles de ces derniers mois, la liquidation de l’installateur Aehlios (120 emplois concernés), la suppression de 95 emplois chez Photowatt ou encore le gel du projet d’usine de First Solar en Gironde (400 emplois prévus).

Le secteur du recyclage et de la dépollution est le plus en forme, avec près de 200 créations d’emplois recensées en mars, devant les biomatériaux et l’écoconstruction (moins de 100 créations).

Par fonction, l’activité de fabrication de matériel s’est effondrée au premier trimestre 2011, alors que subsistent des projets d’exploitation et de production, et à un moindre niveau, des projets de commercialisation et d’étude.

Mais on est loin des 600 000 emplois verts qui devaient être créés d’ici à 2020, selon une étude du Boston Consulting Group de 2009 pour le ministère de l’Environnement ! ” Ce chiffre était atteignable à condition d’avoir une croissance régulière de 17% par an sur les secteurs verts, observe David Cousquer. Or l’activité se révèle en dents de scie : l’éolien s’est arrêté en 2010, le solaire en 2011 “. Et selon lui, il fallait aussi miser sur la création d’1,5 emploi induit par emploi direct créé pour atteindre cet objectif.

Des espoirs du côté des véhicules électriques

Après ce mauvais début d’année, les emplois verts peuvent-ils repartir dans les prochains mois ? ” Il faudra guetter les signaux envoyés par les pouvoirs publics, la balle est dans leur camp, répond David Cousquer. Un autre facteur pourrait jouer : si la reprise générale de l’économie s’amplifie, les secteurs de l’environnement en profiteront à leur tour”.

Si le solaire et l’éolien ne devrait pas redémarrer avant plusieurs mois, l’espoir pourrait venir des véhicules électriques qui commencent à arriver sur le marché. ”  Quand Bolloré monte une usine de batteries en Bretagne, les embauches sont nombreuses “, observe David Cousquer. Même si les deux grands constructeurs, Renault et PSA Peugeot Citroën, ont eux plus tendance à reconvertir leurs salariés qu’à créer des emplois.

 

 

 

* : Les données de l’Observatoire sont obtenues à partir d’une veille de 4 500 sources françaises. Il suit neuf secteurs “verts” : solaire, éolien, biomatériaux et écoconstruction, biocarburants, bois chauffage, aérothermie et géothermie, méthanisation-biomasse et biogaz, dépollution et recyclage et enfin véhicules électriques.

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