Énergies renouvelables : les objectifs 2020 compromis selon le SER

Print Friendly, PDF & Email

Il est possible de faire mieux que les 23% d’énergies renouvelables fixés par le Grenelle de l’environnement en 2020. Mais nous allons faire beaucoup moins bien, faute de moyens ! C’est le constat du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Emmené par son nouveau président Jean-Louis Bal, le SER alerte sur la mauvaise trajectoire prise par le pays en matière d’énergies renouvelables (EnR).

Le syndicat se mobilise : il publiera un livre blanc 2012 à l’automne prochain qui sera mis à disposition des candidats à l’élection présidentielle de 2012. Ce rapport présentera des propositions pour chaque filière EnR, en vue de dépasser les objectifs fixés pour 2020.

En attendant, le SER livre un état des lieux des différentes énergies renouvelables en France. Le verdict est sans équivoque : dans la dynamique actuelle, si rien ne change, la France consommera 29 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) d’EnR en 2020, alors que le Grenelle de l’environnement fixe un niveau de 36 Mtep à cet horizon. Dans ces conditions, il va manquer 7 Mtep, soit un objectif 2020 amputé d’un tiers. De nombreuses disparités existent néanmoins entre les filières.

Projection EnR 2010-2020 en Mtep (source : SER)

Doubler le Fonds Chaleur ?

La production de chaleur d’origine renouvelable présente plus de retard que l’électricité. Environ 18% de production de chaleur pourrait manquée en 2020 par rapport aux objectifs fixés en Mtep. Concernant le bois et les déchets sur les marchés autres que le bois de chauffage domestique (collectif, tertiaire et industrie), la tendance montre qu’il pourrait manquer 27% des Mtep initialement fixés. Idem dans le secteur des pompes à chaleur, de la géothermie et du solaire thermique, qui pourraient être en retard de 37,5%.

Pour être en ligne avec l’objectif 2020 du Grenelle, le SER préconise de doubler la dotation du Fonds Chaleur par exemple, afin de financer deux fois plus de projets. Cela porterait le budget annuel à 600 millions d’euros, avec des gains attendus par la suite sur deux décennies. Une progression de 8,6 Mtep pourrait ainsi être enregistrée sur 2010-2020, au lieu de 4,2 Mtep avec la trajectoire actuelle.

Electricité renouvelable : éolien et biomasse en retard

En matière d’électricité d’origine renouvelable, la biomasse pourrait être en dessous de 43% de ses objectifs. Et l’éolien accuserait un retard de 30% environ. Seul le solaire atteindrait ses objectifs. Un niveau que l’industrie trouve néanmoins très faible par rapport au potentiel de développement.

Concernant les appels d’offres biomasse électricité par exemple, le SER indique que les résultats sont en deçà des attentes : sur les deux premiers appels d’offres lancé en 2005 et 2008, seul 102 MW ont été mis en service sur les 569 MW de projets sélectionnés. Le syndicat propose tout bonnement d’arrêter les appels d’offres, et de s’orienter vers un tarif d’achat de l’électricité par exemple.

Éolien : un bon rythme à accélérer

Sur l’éolien, la France installe actuellement 1.100 MW en rythme de croisière. “Un bon rythme”, souligne Jean-Louis Bal, de manière pragmatique, mais il note qu’il faut accélérer la dynamique de 1.300 à 1.400 MW par an. Le SER dénonce toujours les mêmes barrières au développement de la filière : fiscalité contraignante et surimposition des procédures administratives (schémas régionaux, zone de développement éolien – ZDE, autorisation ICPE…). Le syndicat demande également de lever l’imposition d’un nombre minimum de 5 mâts par ferme.

De même, 3.000 à 4.000 MW de puissance seraient aujourd’hui compromis à cause d’une déstabilisation potentielle des radars, notamment ceux de Météo France. Par ailleurs, les recours abusifs et systématiques contre les projets éoliens retarderaient de 2 à 3 ans la construction des parcs, estime aussi le SER, sans pour autant empêcher leur développement. Concernant, l’éolien offshore, même si l’appel d’offres est salué, le syndicat pointe du doigt plusieurs lacunes.

Photovoltaïque : un label France

Le SER souligne un essor remarquable du marché photovoltaïque, l’un des seuls secteurs en avance sur son objectif : 1.026 MW installés fin 2010 pour 1.100 visés en 2012. L’objectif de 5,4 GW en 2020 sera atteint sans aucun doute. Mais la refonte de l’environnement réglementaire suite au moratoire bouleverse l’industrie. Pour éviter un scénario noir, le SER veut que le gouvernement revoit un certain nombre de mesures : plafond annuel de 500 MW, dont 300 MW d’appels d’offres, mécanisme de dégressivité trimestrielle des tarifs, simplification des procédures administratives…

Le SER réitère sa proposition de voir l’objectif solaire 2020 passer de 5,4 GW à 15 GW, sans que les charges pour la collectivité ne soient alourdies. Le coût d’un tel développement sur la facture du consommateur ne devant pas dépasser 5% d’ici à 2020.

Vers la promotion des EnR dans le bâtiment

Concernant les appels d’offres prévus pour les grandes puissances, le syndicat table sur leurs publications d’ici le début de l’été, suivant les informations du gouvernement. “Mais nous n’avons pas plus de précisions et le SER n’a pas été consulté sur le cahier des charges”, regrette Jean-Louis Bal. D’ici les 2 à 3 prochaines semaines, un Label photovoltaïque France sera présenté par le SER pour valoriser l’industrie du pays.

Les énergies marines, le biogaz ou les biocarburants ont également été évoqués par le SER. L’organisation professionnelle se tourne également de manière plus assumée vers le bâtiment et ses problématiques énergétiques. Elle milite ainsi pour une synergie plus marquée entre les politiques de maîtrise de l’énergie (MDE) et de développement des EnR. Les secteurs de l’habitat et du tertiaire sont visés.

Pour aller plus loin : consulter le dossier de presse du SER (PDF), daté du 26 avril 2011

 

Article précédentAreva et GDF Suez flirtent dans l’éolien offshore ? (Premium)
Article suivantBiomasse : Archimbaud sécurise son approvisionnement en bois (Premium)