Les pôles de compétitivité, nouvelle porte pour glaner des financements privés

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Les pôles de compétitivité — dont un sur trois est actif sur les technologies vertes — montent en compétence et ouvrent leur réseau aux investisseurs privés. A côté des démarches pour obtenir des financements publics pour des projets collaboratifs et innovants, certains pionniers vont en effet plus loin en menant des actions d’accompagnement de levées de fonds, couplées à des rencontres entre investisseurs et entreprises technologiques (un sujet qui sera évoqué le 29 novembre lors d’une conférence organisée dans le cadre du Clean Green Event, à Paris).

C’est le cas de Capenergies, un pôle spécialisé sur les énergies non génératrices de gaz à effet de serre installé en région PACA. Impulsée il y a un an, cette politique d’accompagnement se structure et est vouée à prendre de l’ampleur, nous explique Guillaume Mordelet, chargé d’affaires Développement et financement d’entreprises du pôle.

GreenUnivers : Vous dressez un bilan d’étape positif des actions mises en place depuis octobre 2009. Quels sont les premiers résultats de cette politique ?

Sur les quatre réunions que nous avons organisées entre entreprises et investisseurs privés, onze entrepreneurs au total ont pu présenter leur projet, dont six membres du pôle Capenergies. Lors de la dernière réunion du 22 octobre par exemple, trois entreprises se sont présentées à une vingtaine d’investisseurs : Opera, Kinexia et GridPocket. Sur un an, nous avons déjà accompagné la réalisation d’une levée de fonds d’une société issue d’une pépinière d’entreprises et spécialisée dans les matériaux, principalement pour le solaire. Elle avait besoin de fonds d’amorçage pour son industrialisation. Elle a été soutenue par un réseau de business angels. Nous avons un autre projet en cours de finalisation et plusieurs en cours d’évaluation. Les sociétés que nous aidons ont besoin de capitaux compris entre quelques centaines de milliers d’euros et les premiers millions, essentiellement dans les deux premiers tours d’investissement.

GU : Après l’aide au financement public, l’ouverture actuelle des pôles au monde des financiers est en quelque sorte un processus naturel ?

Nous sommes dans une logique de mise en réseau. A leur lancement, la vocation des pôles de compétitivité a été de mettre en relation des acteurs de l’innovation, industriels, chercheurs, start-up, pour monter des projets collaboratifs jusqu’aux prototypes et démonstrateurs. Ces projets technologiques sont labellisés et fléchés vers les guichets de financement public. En plus de l’accompagnement de projets R&D, la deuxième étape, impulsée depuis 2009, est d’accompagner les entreprises innovantes vers le marché. Une majorité de sociétés rencontrent des difficultés à augmenter leur capital pour palier les stades d’industrialisation ou de commercialisation. On a pris conscience également d’un manque de suivi et d’accompagnement pour des entreprises adhérentes aux pôles, et n’ayant pu bénéficier au préalable de l’accompagnement de structures spécialisées telles les incubateurs ou pépinières d’entreprises. Nos actions viennent répondre à ce besoin.

GU : Comment vous positionnez vous entre les entreprises et les investisseurs ?

Capenergies, par exemple, ne se substitue pas aux mécanismes de financement actuels, mais vient plutôt augmenter la qualité des dossiers présentés aux investisseurs par des entreprises, et favoriser les rencontres. Cela peut passer par une reconnaissance des entreprises avec le nouveau label national “Entreprise innovante des pôles.” Depuis mars dernier, nous avons aussi mis en place un comité d’évaluation, composé d’experts bénévoles aux profils complémentaires : chefs d’entreprise, investisseurs, institutionnels, spécialistes techniques. Son rôle est d’étudier des entreprises en quête de financement, et de sélectionner celles qui nous ont prouvé que leur technologie et leur positionnement marché étaient prometteurs. Ce comité intervient alors à plusieurs reprises pour conseiller les entreprises et affiner leur business plan. Un accompagnement au développement et au financement d’entreprise nécessaire avant de se présenter devant les investisseurs, constitués en Collège des financiers.

GU : Comment est composé ce Collège des financiers ?

D’une dizaine à l’origine, nous avons plus d’une vingtaine d’investisseurs membres aujourd’hui. La philosophie de recrutement repose sur une démarche de cooptation. Actuellement, la répartition des investisseurs membres de Capenergies est équilibrée entre des business angels, des fonds de capital risque régionaux et parisiens, banquiers d’affaires et des experts du monde du conseil en management et de l’expertise comptable. On observe une demande particulièrement forte de la part des fonds parisiens. D’une manière générale, le Collège des financiers est en pleine croissance et dans une phase d’ouverture.

GU : Quelles sont les perspectives de cette politique ?

Aujourd’hui, une dizaine de pôles français ont déjà structuré leur accompagnement, et cette démarche est en train de se généraliser. Alors que l’accompagnement de projets reste différent pour chaque pôle, nous avons mutualisé la réunion finale des investisseurs avec des pôles partenaires intéressés par ce processus : Pégase, Risques et Optitec. Une démarche déjà organisée en avril et octobre derniers, avec succès.

Les financiers membres jouent également le jeu, et prennent part à la logique réseau animée par les pôles. Ils souhaitent pérenniser et optimiser la démarche, tout en continuant à travailler avec les entreprises pour augmenter la qualité des dossiers. Pour l’année à venir, notre objectif, avec nos pôles partenaires, est de faire au minimum une réunion par trimestre, sur une demi-journée. A raison d’une entreprise présentée par pôle, nous visons l’accompagnement d’au moins une douzaine de projets d’entreprise pour 2011.

Propos recueillis par Alexandre Simonnet

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