A quoi joue Gamesa dans l’éolien offshore ?

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©Bard

Le spécialiste espagnol des turbines terrestres veut investir l’offshore, malgré son retard sur ses concurrents comme Vestas, Siemens, REpower ou Areva Wind. Mais il a décidément bien du mal à avancer.

Après avoir mis un premier pied sur le marché en 2005, engageant un partenariat avec son compatriote Capital Energy, il abandonne le secteur deux ans plus tard sans grande conviction. En 2009, Gamesa réaffirme de nouvelles ambitions dans l’offshore. Et il engage, en février dernier, des discussions en vue d’un partenariat avec l’allemand Bard, spécialiste offshore. Mais, patatras, l’accord vient de tomber à l’eau.

L’espagnol annonce aujourd’hui vouloir nager avec ses propres palmes, avec l’ambition de développer en interne deux turbines de fortes puissances, de 5 MW et de 6/7 MW. Gamesa estime pouvoir être prêt sur des pré-séries, respectivement en 2013 et 2015. Le groupe justifie ce changement de stratégie par des “contradictions significatives” sur la marche à suivre avec Bard. Les deux parties voulaient initialement trouver des synergies. La production sous licence par Gamesa des turbines de 5 MW de Bard avait été envisagée.

Cela ne change rien pour Bard

De son côté, Bard ne cache pas la poursuite de discussions avec d’autres partenaires, intéressés également par sa technologie offshore. L’allemand, créé en 2003, est un “pure player” de l’offshore et dispose d’un portefeuille de 5.000 MW en développement en Allemagne et aux Pays-Bas. Il est en train d’installer son premier parc de 400 MW au large de l’Allemagne.

Du côté de Gamesa, l’affaire paraît plus complexe, alors que la société ambitionne de devenir un “acteur significatif” sur le marché offshore à moyen-long terme. Le Financial Times évoquait, en février dernier, l’installation possible d’une usine de turbines offshore au Royaume-Uni. L’espagnol compte profiter du boom du marché éolien en mer en Europe du Nord et en particulier du gigantesque marché britannique qui s’ouvre sur les deux prochaines décennies. Mais au vu de ses récentes piètres performances, cela risque fort de ne pas être facile pour lui.

Gamesa patauge sur terre…

Sur le marché terrestre, en effet, Gamesa n’a fait que perdre des parts de marché au niveau mondial, passant de 15% en 2007, à 6-7% en 2009, alors que le marché a explosé en volume. Au classement mondial 2009, l’espagnol se situait dans le milieu du peloton, vers la 7e place. Il était dans le top 5 en 2008.

Sur un marché onshore en plein boom, épargné par la crise économique, Gamesa fait donc du surplace depuis 3 ans, enregistrant même une baisse de ses ventes en volume de 15% environ en 2009 (à 3.145 MW), sur un marché en hausse de 31%. Et le groupe a aussi enregistré une baisse de ses volumes au premier semestre 2010 (1.001 MW), par rapport à la même période 2009 (1.638 MW). Il vise, pour 2010, un volume de 2.400 à 2.500 MW.

…et pourrait se noyer en mer

Dans ce contexte difficile, quelle est la marge de manoeuvre de Gamesa dans l’offshore ? Il va désormais devenir difficile de trouver des partenaires en Europe. Et ses concurrents, eux, sont déjà prêts : Vestas, Siemens, REpower, Areva Wind ou GE ont des technologies opérationnelles. Et les asiatiques arrivent : Mitsubishi, Samsung, Doosan, Sinovel…

De toute façon, Gamesa veut désormais concevoir seul des turbines offshore, d’ici 3 à 5 ans. Mais en a t-il les moyens ? Vestas avait enregistré quelques mésaventures sur ses premières turbines offshore, celles du parc danois Horns Rev 1. Et Areva Wind (Multibrid) est en train de vivre des pannes cauchemardesques sur un parc en Mer du Nord. Le marché offshore présente un certain nombre de verrous technologiques. En retard, et sans transfert de technologies, Gamesa a du pain sur la planche.

L’histoire est anecdotique mais peut-être révélatrice de la situation : Iberdrola Renovables, son plus gros client et principal actionnaire (groupe Iberdrola), travaille sur un projet d’éolienne flottante baptisé EMERGE, où l’on retrouve… Alstom Ecotecnia comme turbinier, et non Gamesa. Dommage car Iberdrola Renovables a remporté de très gros marchés dans l’offshore.

Si Gamesa demeure un acteur industriel d’envergure mondiale sur le terrestre malgré son récent recul, la question reste entière sur son avenir en mer.

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