Fermentalg, ou l’avenir des microalgues ?

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Encore peu exploitées, les microalgues ont un potentiel d’application important dans l’énergie, l’agroalimentaire et la santé. Mais elles restent difficiles à produire en grandes quantités. La start-up française Fermentalg, implantée à Libourne en Gironde, mise sur la culture de ces micro-organismes en milieu hétérotrophe : les microalgues sont cultivées dans le noir et ne consomment que des éléments nutritifs. Un process qui offre des rendements très importants et pourrait déboucher sur une petite révolution industrielle.

Des recherches en cours d’industrialisation

Véritable technologie de rupture, les recherches de Fermentalg doivent désormais passer au stade industriel. L’objectif de cette jeune société, créée il y a un an et composée d’une quinzaine de chercheurs, est d’installer trois lignes de production, dont une pilote, offrant chacune 250 tonnes d’huile par an.

Après avoir levé entre 2 et 3 millions d’euros lors d’un premier tour de financement, avec notamment la participation du fonds d’investissement Emertec et du CEA Valorisation, Fermentalg prépare un deuxième tour de table. « L’objectif est de lever cinq fois plus qu’en 2009 », selon Pierre Calléja, fondateur et président de la société.

Une production propre, dans le noir

Cet ingénieur et biologiste, spécialisé en aquaculture marine depuis 10 ans, maîtrise la production de microalgues par hétérotrophie. D’ordinaire, les algues prolifèrent grâce au soleil et à la photosynthèse. Mais Fementalg mise sur la fermentation des microalgues, cultivées sur un substrat carboné, dans des cuves fermés. Cette approche de culture en volume offre un taux de productivité extrêmement élevé, jusqu’à 50 fois plus qu’une culture en surface. De quoi obtenir une production de masse.

Dotée d’une biodiversité riche mais encore peu explorée, ces micro-organismes ne nécessitent pas de produits phytosanitaires pour se développer, ni de lumière, et ne présentent aucun problème de toxicité.

Des débouchés pluri-sectoriels

Les microalgues offrent de nombreux débouchés en matière de chimie du végétal, de cosmétique, de pharmacologie ou d’agroalimentaire. Elles produisent, par exemple, des acides gras comme les Oméga 3 longues chaînes, bénéfiques pour le cerveau, l’œil ou le système vasculaire. Un marché que Fermentalg espère toucher rapidement, avec celui de l’alimentation animale, à l’instar des élevages de poissons.

Les applications concernent également la capture et la séquestration du CO2, les microalgues étant de très bonnes consommatrices de gaz carbonique. La société a mis au point un luminaire « puits de CO2 » capable de capturer une tonne de CO2 pas an !

Les algocarburants, une alternative énergétique

A plus long terme, le marché énergétique constitue bien sûr une autre cible, avec la production d’un algocarburant en milieu hétérotrophe. Un biocarburant non concurrent des cultures alimentaires pour lequel  les recherches doivent permettre d’atteindre un coût compétitif dans les prochaines années.

Même si cette activité nécessite encore une part importante de R&D, les marchés potentiels sont énormes. « Il n’y a pas encore de prise de conscience des enjeux », estime Pierre Calléja. Alors que Fermentalg, avec trois brevets déposés, semble être seul en Europe à maîtriser cette approche des microalgues, aux Etats-Unis, plusieurs sociétés sont déjà sur les rangs. L’exemple le plus symbolique semble être celui de Solazyme : elle dispose de près de 76 millions de dollars de financement, est épaulé par le pétrolier Chevron et travaille pour l’US Navy. Autre société active dans le fermentation, Martek Biosciences, alliée au groupe pétrolier BP.

Alexandre Simonnet

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