Le smartgrid ou le mariage des géants et des petits malins

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smartgridIBM, Cisco, Schneider Electric, Siemens et une kyrielle de start-up… Le smartgrid, ou réseau d’électricité intelligent, avec ses nouveaux compteurs électriques intelligents qui mesurent la consommation de chacun en temps réel ou encore ses appareils ménagers communicants qui pourront choisir les tarifs d’heures creuses pour se mettre en marche, est le fruit d’un mariage plein d’avenir : celui des technologies de l’information et des infrastructures électriques centenaires.

Comme rarement dans l’histoire industrielle, il fait éclore des alliances inattendues entre les géants de l’énergie et de l’industrie, comme l’allemand Siemens, qui mise énormément sur le smartgrid ou le français Schneider Electric, et des petits malins de l’informatique, entre les grosses sociétés et des start-up inconnues quelques mois plus tôt. Les grands groupes informatiques se sont aussi lancés dans la bataille, de Google à Microsoft, en passant par IBM et GE et tout récemment SAP.

Tous sont motivés par un marché qui s’annonce juteux : le géant américain des réseaux Cisco l’estime à 20 milliards de dollars par an sur les 5 ans qui viennent. Et selon une étude de Capgemini, 25 à 40% des foyers européens seront équipés de compteurs intelligents d’ici 2012, contre 6% aujourd’hui.

Une baisse de 15% des émissions de CO2 de la planète

L’enjeu est aussi de taille pour l’environnement : appliquer l’informatique aux réseaux électriques, mais aussi aux infrastructures, à la logistique et à l’industrie, pourrait réduire les émissions de CO2 de la planète de 15% d’ici 2020, avec une économie de 500 milliards d’euros, selon une récente étude du Climate Group et du Global e-Sustainability Initiative baptisée Smart 2020. Soit une réduction correspondant aux émissions des Etats-Unis.

Appliquée systématiquement, l’automatisation industrielle intelligente réduirait les émissions mondiales de 0,97 gigatonne d’équivalent CO2 en 2020 et économiserait 68 milliards d’euros. Une logistique intelligente (transport et stockage) éviterait les émissions de 1,52 Gt avec 208 milliards d’euros d’économies. Dans le bâtiment, deuxième secteur émetteur de CO2 après l’industrie, l’informatique appliquée à la construction et la maintenance économiserait 1,68 Gt et 216 milliards d’euros. Enfin le smartgrid réduirait les émissions mondiales de 2,03 Gt et économiserait 79 milliards d‘euros.

D’où les partenariats qui ont fleuri ces derniers mois. Les grosses compagnies d’énergie américaines Duke Energy et Xcel Energy ont passé des accords avec des sociétés informatiques capables de leur fournir les appareils et les logiciels pouvant communiquer entre les compagnies et leurs clients. Duke a conclu un accord à long terme avec la société Ambient et Xcel Energy s’est allié à GridPoint, entre autres, pour un projet pilote de smartgrid dans le Colorado, à Boulder. Nokia Home Control Center (HCC) s’est allié à Comsel Systems, pour créer une nouvelle société baptisée There Corporation, centrée sur le smartgrid et les compteurs intelligents.

Après avoir levé des fonds en avril, la société américaine Energy Hub, start-up âgée de seulement deux ans, qui fabrique des mini-PC à écran tactile où les consommateurs peuvent surveiller en direct leur consommation électrique et communiquent avec les appareils ménagers via des liaisons sans fils, vient de s’allier à la vénérable compagnie d’électricité américaine ConEdison pour un test de smartgrid à New York.  ConEd s’est aussi allié à la start-up Viridity Energy, née il y a un an, pour des systèmes de lissage des pics de demande (système demande-réponse). EnergyHub vient aussi d’être adopté comme allié par le géant américain des compteurs Itron, qui intègrera les écrans de contrôle d’EnergyHub dans son offre commerciale.

De même la société de gestion de l’énergie Control4 va fournir des logiciels de contrôle de l’énergie à la compagnie d’électricité du Texas Bluebonnet Electric Cooperative.

En Floride, où 1 million de consommateurs vont être équipés de compteurs intelligents (un investissement de 200 millions de dollars), la construction du réseau va réunir Florida Power & Light (FPL), General Electric pour les compteurs, Cisco Systems et Silver Spring Network.

Les fonds d’investissement très actifs

Les fonds d’investissement participent à cet engouement. Ils financent des sociétés comme Silver Spring Networks  (compteurs intelligents), l’une des stars américaines du secteur, qui a levé plus de 160 millions de dollars en 2 ans), ou encore eMeter (logiciels pour gestion des compteurs intelligents). Ils ont aussi financé des sociétés qui proposent des prises intelligentes, comme Tendril et AlertMe, la première américaine, la seconde britannique, qui ont levé des fonds en partie auprès des mêmes deux fonds de capital-risque, l’américain VantagePoint Venture Partners et l’européen Good Energies.

SolarWinds, spécialiste des outils de gestion des réseaux informatiques, et notamment de la consommation électrique des appareils électroniques, a même réussi à s’introduire à la Bourse de New York  il y a quelques mois, alors que les marchés étaient encore tétanisés par la crise, et y a levé 151 millions de dollars.

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