Historique : les USA brident leurs voitures dès 2016

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limoUn arrêt de mort pour les plus gros SUV ? Obama va limiter la consommation des voitures américaines  à moins de 7  litres aux 100 km dès 2016.

Barack Obama va ainsi bien plus vite que prévu pour limiter la consommation de carburant des grosses cylindrées américaines : les constructeurs devront dès 2016 (quatre ans plus tôt qu’initialement prévu) porter les performances moyennes des véhicules aux Etats-Unis à 35,5 miles par gallon (mpg), l’équivalent de 6,7 litres aux 100 km, contre 25 mpg (9,5 litres/100 km) actuellement. Le détail des meures ici (pdf).

Le pays adopte ainsi au plan national une norme proposée par la Californie. C’est la toute première fois que la consommation de carburant des voitures est ainsi bridée au pays de l’automobile-reine.

Obama a réussi le tour de force de mettre d’accord une douzaine de constructeurs (dont GM, Chrysler, Ford et Toyota US), les Etats américains et plusieurs autorités de régulation jusqu’ici antagonistes.

Ce compromis historique met fin en particulier à des années de confrontation entre la Californie, Etat pionnier en matière d’environnement, et les grands constructeurs auto. Le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger et le PDG de General Motors Fritz Henderson ont tous deux assisté à l’annonce solennelle d’Obama.

La crise a du bon : jamais il n’aurait pu imposer de telles contraintes au très puissant lobby des grands constructeurs américains s’ils n’avaient tous été au bord de la faillite et dépendant des milliards de dollars apportés par  l’Etat pour survivre.

C’est une décision majeure et hautement symbolique pour les Etats-Unis, une revanche sur l’ère Bush, d’autant plus que l’administration Obama essaie de parvenir à un accord similaire pour limiter les émissions des centrales d’électricité et des industries, l’autre grande source de CO2.

Au total, l’objectif américain est de réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre des véhicules, soit 900 millions de tonnes en moins d’ici 2016, et de 1,8 milliards de barils la consommation de pétrole du pays entre 2011 et 2016, soit une réduction de 5% de la consommation américaine de brut.

Concrètement, la décision imposera des plafonds de consommation par modèle et par marque, avec une moyenne de 39 mpg (6,1 litres/100 km) pour les nouvelles berlines et de 30 mpg (7,9 litres/100 km) pour les 4×4, chaque plafond tenant compte du poids du véhicule et de sa taille, comme le réclamaient les constructeurs.

Dans une stratégie volontariste,  la Califiornie avait fixé une norme similaire dès 2004 sur son sol, mais sans parvenir à l’imposer aux autres Etats, et s’était faite débouter par l’administration Bush dans ses actions en justice. La norme californienne était donc resté lettre morte.

Le Département américain du Transport avait jusqu’ici prévu d’imposer aux constructeurs pour 2011 une exigence de 27,3 miles par gallon (soit 8,7 litres aux 100 km). Une loi votée en 2007 leur fixait aussi comme objectif d’améliorer les performances de consommation de 40% pour 2020, ce qui équivalait à les obliger à atteindre en moyenne 35 miles par gallon en 2020. Obama avance donc cet objectif de quatre ans.

Dans un communiqué GM — en quasi-faillite, et sous perfusion des injections de fonds successives de l’Etat américain — a dit être “entièrement impliqué dans cette nouvelle approche”. Ces normes devraient coûter aux constructeurs 600 dollars supplémentaires par véhicule, en plus des 700 dollars de surcoût qui découlaient déjà de la loi de 2007. Soit 1.300 dollars par véhicule au total.

La proposition d’Obama réconcilie aussi l’Agence de l’environnement (EPA) avec le Département du transport. L’Agence a, en effet, accepté de fixer les nouvelles normes d’émissions de CO2 par véhicules en tenant compte de cet accord, alors qu’elle avait tenté jusqu’ici de les fixer indépendamment du Département des transports.

La nouvelle norme fédérale s’appliquera à partir des véhicules qui sortiront des usines en 2012, et jusqu’en 2016. Selon les experts, les voitures devraient être plus petites et surtout leur coffre plus réduit, et ressembler davantage aux voitures européennes — méprisées jusqu’ici par la plupart des conducteurs américains.  La Californie prévoit déjà d’imposer des normes encore plus strictes après 2016.

Dans ce contexte de boom des voitures propres, rien d’étonnant si le géant allemand Daimler a racheté 10% du petit constructeur californien Tesla Motors, star du secteur avec ses voitures de sport électriques.

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