Toits solaires : l’étonnant succès de CPC-Solabios

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…Ou le mariage fructueux d’un financier et du solaire

(Article actualisé le 13 mai: CPC entre en Bourse)

En Provence, si parmi les vignes vous voyez briller au soleil un hangar couvert de panneaux solaires, ce sera peut-être la marque de l’étonnant succès d’un gestionnaire de fortune visionnaire, Frédéric Errera, devenu en 2 ans gros producteur d’électricité solaire. Un pionnier des toits solaires en France, dont le chiffre d’affaires a décuplé, passant de 750.000 euros en 2006 à plus de 9 millions d’euros prévus cette année.

Le tout grâce aux généreuses subventions, qui ont fait du solaire un super-placement financier.

erreraSa société, CPC, créée en 2003, était au départ simple gestionnaire de portefeuille. Mais quand en 2006, le gouvernement fixe un tarif d’achat subventionné pour l’énergie solaire, garanti sur 20 ans, Frédéric Errera décide de marier finance et environnement et de créer un produit financier solaire. Il va plus loin : il crée en 2007 un bureau d’études qui organisera les installations solaires, Solabios.

Sa cible ? Les toits industriels, commerciaux, et ceux des bâtiments agricoles dans le sud de la France.

En 2009, il devrait achever plus d’une dizaine de grands toits solaires et réaliser un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros environ.

Premier projet : Cotignac, 800 m2 de tuiles solaires

Pour son premier projet, il choisit le Var et fait passer des annonces auprès des agriculteurs. Son offre est séduisante : il loue leur toit pour 20 ans, refait leur toiture en tuiles solaires, offre une grosse prime à la fin des travaux, plus une commission annuelle. Et au bout de 20 ans, le toit solaire leur revient.

L’idée séduit un viticulteur bio, qui accepte de louer le toit de son hangar de 800 m2, à Cotignac, qui sera recouvert de 800 tuiles solaires d’une puissance de 140 watts chacune, soit une puissance totale de 112 kw pour le toit entier. Les panneaux viennent d’Europe (France, Allemagne…) – par principe, CPC se dit contre les panneaux chinois, même s’ils sont moins chers (2 euros le watt contre 3,5 euros en Europe).

Pour ce projet d’un coût de 1,2 million d’euros, CPC réunit 25 investisseurs, à la fois des PME et des particuliers. Il lui faut aussi former des conseillers en patrimoine qui ne jurent encore que par l’immobilier, expliquer le montage aux notaires et aux géomètres qui découvrent le solaire. « Ce n’était pas simple », reconnaît-il.

Les travaux, lancés à l’été, s’achèveront en septembre 2008, et il faudra encore 6 mois pour qu’EDF le raccorde à son réseau.

Concrètement, il a fallu ôter la toiture existante, qui était en tuiles provençales, la refaire avec des tuiles solaires qui assurent aussi l’étanchéité. Le propriétaire du toit reçoit une prime de 12 à 20 euros au m2 installés — à Cotignac, le viticulteur a touché 16.000 euros – et en plus 2,5 euros par m2 et par an, soit 2.000 euros par an pour le viticulteur. Et au bout de 20 ans, il redevient propriétaire du toit.

En 2007, CPC avait mis 6 mois pour lever un million, mais aujourd’hui il collecte un million d’euros chaque mois pour ses projets solaires. La crise est un atout, car l’investissement solaire se révèle plus rentable que la Bourse ou l’immobilier.

Une rentabilité de 7% à 8% du capital investi par an, et plus de 10% si l’on intègre les avantages fiscaux

L’investisseur du toit solaire touchera comme revenu ce qu’EDF paie pour l’électricité solaire : un super-tarif subventionné, qui est passé cette année à 60,176 centimes le kilowatt-heure. Il était de 55 centimes en 2006 et 57 centimes en 2008.

Sur 20 ans, cela fait du 7%, et garanti (l’Etat fixe le tarif subventionné sur 20 ans).

S’y ajoutent des avantages fiscaux qui porte ce rendement à 10% ou plus : une PME qui investit 100 000 euros dans un toit solaire a droit à un amortissement accéléré de douze mois, et bénéfice donc d’une réduction de 33 300 euros sur son impôt sur les bénéfices. Si la société est taxée au plafond (40%), la réduction sera de 40 000 euros.

A l’avenir, le prix des panneaux devrait diminuer et leur rendement photovoltaïque augmenter : le rendement des investissements devrait donc résister même si l’Etat baisse son tarif subventionné.

CPC, qui n’emploie que 10 salariés, réalise un bénéfice net de 10% environ. Il vient de terminer 4 nouveaux projets, qui attendent d’être raccordés au réseau EDF. Une dizaine d’autres sont prévus pour 2009 – 2010, sur des surfaces de toitures allant jusqu’à 3.000 m2

Aujourd’hui CPC a fusionné avec Solabios et s’introduit sur le marché libre de la Bourse de Paris en mai 2009 pour y lever près de 5 millions d’euros.

Ce placement sûr attire : on trouve déjà 150 installateurs solaires en France, et des entreprises louent directement des toits ou empruntent pour le faire.

« Mais il n’y a pas de risque de pénurie de toits : aujourd’hui, si tous les projets en cours se réalisaient seuls 0,1% des toits du sud-est seraient recouverts de tuiles solaires ! », souligne Frédéric Errera, qui, sans s’arrêter au solaire, parle déjà de biomasse ou d’algues…

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