Silpro (Silicium de Provence) stoppé faute de fonds

Print Friendly, PDF & Email

sipro

Sauf miracle, tout semble fini pour Silpro, le projet de grande usine de silicium pour cellules photovoltaïques prévu sur le site du géant chimique Arkema de Saint-Auban, dans les Alpes de Haute-Provence.

Et ce après deux ans de tâtonnements, et malgré la réunion au chevet du projet de plusieurs grands groupes européens, en tête la compagnie d’énergies renouvelables Econcern (Pays-bas), actionnaire majoritaire, mais aussi le français EDF Energies Nouvelles et le fabricant norvégien de wafers de silicium NorSun, qui vient de lever cette semaine 132 millions d’euros. Sans oublier Photon Power Technologies, gros spécialiste des toitures photovoltaïques de la région).

Tout à démarré en 2006, quand, pour recycler le site de Sain-Auban, déficitaire, le gouvernement et les autorités locales ont réuni Arkema et divers industriels européens autour d’une grande ambition: créer un vaste site de production de silicium, à l’époque rare et cher, et également de celulles et de panneaux photovoltaïques. Bref, toute la chaîne solaire.

Ce site devait créer 250 emplois et produire 2.000 à 3.000 de tonnes de silicium par an. il devait bénéficier de synergies avec les installations chimique d’Arkema avoisinantes, qui devaient fournir certains gaz nécessaires aux cellules photovoltaïques.

Alors qu’il suscitait un grand espoir dansla région, le projet Silpro s’est heurté à la fois à la crise financière, qui a asséché les financements espérés, et à la dégringolade du prix du silicium, vicitme de la surproduction — près de 150 producteurs chinois de wafers de silicium ont vu le jour depuis deux ans. Le silicium est passé en un an de 200 à moins de 100 dolars le kilo et continue de chuter.

Fin 2008, alors que le projet Silpro, toujours incertain, revoyait son business plan pour s’adapter à la baisse du prix du silicium, Arkema, sans attendre, annonçait la restructuration du site de Saint-Auban, avec la suppression de 96 emplois sur environ 350, en principe à transférer à Silpro.

Découragés par ce nouveau plan social après celui de 2005 qui avait supprimé 355 emplois, les salariés d’Arkema Saint-Auban ont occupé l’usine cinq jours et fait grève durant une quinzaine de jours.

Tout l’espoir des salariés menacés reposait donc la future usine Silpro, qui, selon le nouveau projet, devait employer au total 160 personnes pour un démarrage en 2011.

Mais la perspective des succès est allée s’amenuisant. Et ce week-end, la presse locale rapporte que le projet Silpro va s’arrêter, car Econcern a fait savoir qu’il ne pourrait apporter l’investissement prévu en raison du manque de crédits.

Et pourtant… Silpro semble jouer de malchance car beaucoup croient encore à la production de silicium en France et en Europe, aionsi qu’aux Etats-Unis, et multiplien les projets. Outre NorSun qui lève des fonds pour produire plus, Total et GDF viennent d’annoncer un projet d’usine en Moselle et le géant Wacker Chemie va investir un milliard de dollars aux Etats-Unis, tout comme son rival Hemlock.

C’est lors d’une réunion avec les syndicats ce week-end que  les dirigeants d’Arkema ont avoué qu’Econcern avait déclaré forfait et que le chantier serait stoppé à la fin de cette semaine.

Le dossier est apparemment remonté jusqu’au Premier ministre et à l’Elysée, mais le préfetPierre N’Gahane, a prévenu début mars – que, en matière d’investissements privés, l’Etat ne pouvait pas aller au-delà d’interventions incitatives : affirmation de l’utilité et dela pertinence dela filière photovoltaïque ; participation de la Caisse des Dépôts au financement.

La direction d’Arkema a indiqué qu’elle était prête à repousser la restructuration de l’usine de Saint Auban – maisqu’elle n’attendrait pas indéfiniment. Le groupe chimique, qui a vu ses bénéfices diminuer l’an dernier va arrêter aussi un site en Savoie.

Article précédentParis subventionne l’achat de scooters électriques
Article suivantShi, roi du solaire